TOUT EST DIT

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mardi 14 décembre 2010

Diplomatie, journalisme et démocratie

Alors que la polémique s'apaise, le temps est venu d'entreprendre un premier bilan du débat sur les « révélations » de WikiLeaks.

Disons-le franchement, ceux qui ont critiqué le procédé de WikiLeaks et les journaux qui l'ont avalisé n'ont pas été sérieusement contredits sur trois points. Tout d'abord, il s'agit d'un vol pur et simple d'archives d'origine publique, destinées à rester secrètes durant une période substantielle, pour des raisons liées à la sécurité d'un pays et de certains de ses fonctionnaires.

Ensuite, l'accueil, en général très favorable, qui a été réservé à ces archives est justifié par une aspiration à la transparence bien difficile à mettre en pratique dans tous les domaines, et plus encore dans celui des relations entre États. Enfin, la diffusion de ces documents, qui émanent de la plus grande démocratie du monde, favorise inévitablement des puissances que les valeurs humaines intéressent fort peu.

Pour toutes ces raisons, les grands journaux responsables de cette diffusion, quelles que soient les précautions qu'ils affichent, ont pris un sérieux risque, moral et politique.

Il n'est pas sûr, pour autant, que ce risque ait été totalement inutile, car l'affaire laisse, derrière elle, des leçons importantes. D'abord, le nombre et la nature des documents volés appellent l'attention sur les défenses très insuffisantes des démocraties occidentales contre les assauts dont elles sont victimes depuis une dizaine d'années. Assauts de la part des pirates informatiques comme WikiLeaks, mais aussi de ceux, beaucoup plus dangereux, qu'abritent, entre autres, la Chine et la Russie. Le temps est venu, en France comme aux États-Unis, d'en finir avec l'amateurisme en matière de protection informatique.

En second lieu, l'intérêt avec lequel l'opinion a accueilli ces révélations est en partie justifié par le fait qu'en démocratie, la diplomatie, comme tous les autres services de l'État, est au service des citoyens. Elle leur doit de véritables explications.

Que la diplomatie devienne un service vraiment public appelle des modifications de fond, notamment l'implication dans l'action extérieure de toutes les forces vives d'une société. En outre, le langage doit changer. La vérité ne peut pas toujours être dite, mais il doit être possible aux diplomates de rendre compte à la nation dans un style moins hermétique.

Enfin, le rôle de quelques grands journaux, dans cette affaire, attire l'attention sur un enjeu majeur : l'information en matière internationale. Les organes de presse qui ont publié des documents volés ont donné une réponse contestable à une bonne question. Celle-ci : comment informer mieux, de façon plus essentielle et plus véridique, à l'époque de la mondialisation ? Espérons que le succès remporté par des révélations douteuses encouragera des politiques d'information plus actives et plus novatrices.

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