TOUT EST DIT

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mardi 14 décembre 2010

Encore une minute, 
Monsieur le bourreau...

Ainsi, il n’y aura pas de pitié. La rigueur budgétaire aura le visage d’un «jeune» ministre du Budget qui n’a laissé aucun espoir aux quelque 500 opérateurs de l’État réunis hier à Bercy pour s’entendre annoncer que le couperet allait tomber. L’échange verbal entre François Baroin et un de ses interlocuteurs réclamant un peu de souplesse dans l’application du régime sec a été éloquent : inutile de réclamer un aménagement, un délai, une exception. La réduction des déficits sera comptable, aveugle, impitoyable, ou ne sera pas.

La mise au point a eu le mérite d’être claire. Le ministre a fait comprendre que l’État n’avait même plus le choix ni de la méthode, ni du rythme, de la cure d’assainissement. Il n’est plus temps, manifestement, de faire valoir la qualité d’un projet ou la pertinence d’un effectif. De la littérature, tout cela, au moment où ce sont les mathématiques qui ont définitivement pris le pouvoir à Matignon. Bras armés de l’arithmétique triomphante, les redoutables équipes de Bercy ont commencé leur besogne.

Pour qu’un tel volontarisme austère puisse s’imposer sans résistance - ou si peu - à 16 mois d’une présidentielle, il faut vraiment que les caisses du pays soient vides et que le drapeau noir flotte sur la marmite. La franchise fillonesque de M. Baroin pourrait n’être parée que des vertus du courage si elle ne contrastait avec le déni qu’opposent par ailleurs les discours élyséens et gouvernementaux à l’idée d’un pays en quasi-faillite. Ou la France est au 36 e dessous, ou, comme le prétend le président Sarkozy, elle est en train de «sortir de la crise». On ne pourra pas jouer sur les deux tableaux à la fois.

Les Français auront du mal à comprendre la réduction de la voilure de Pôle Emploi quand son fonctionnement, parfois misérable reste en contradiction avec les objectifs claironnants qu’il affiche. Ils s’étonneront que les musées, richesse française s’il en est, ne fassent pas l’objet d’un traitement de faveur pour continuer leur office. C’est bien la question de la gestion des priorités en période de crise que la France doit assumer. Elles n’apparaissent nullement dans le plan de M. Baroin.

On comprend bien : il s’agit de court-circuiter toutes les bonnes raisons qui permettraient d’attendre encore un peu avant de passer aux coupes sombres. La stratégie exactement inverse de celle qui a été pratiquée depuis 2007 ! On avait choisi d’épargner et même de soutenir des catégories de population créatrices de richesses.

Puisqu’il est question d’économies inévitables, la référence à un système sous perfusion qu’il faudrait sevrer une bonne fois pour toutes, voire désintoxiquer, est largement exagérée. Mais quand on veut faire piquer son chien, il a forcément la rage.

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