mardi 14 décembre 2010
L'école des inégalités
Dans la longue série des rapports alarmistes sur notre système scolaire, le dernier en date, celui de l'OCDE, ajoute une touche de pessimisme : le test Pisa, réalisé tous les trois ans dans 65 pays pour mesurer les acquis des élèves de quinze ans, ne confirme pas seulement le piètre classement de la France, mais montre que la situation ne cesse de se dégrader. Pour la maîtrise de la langue, les jeunes Français reculent en une décennie du 12 e au 18 e rang : un tel handicap de compréhension explique évidemment la médiocrité des résultats dans les autres matières. S'agit-il d'une baisse générale du niveau ? Nullement : la France se caractérise par une proportion de bons élèves constante et nettement supérieure à la moyenne. Ce qui explique le recul, c'est la proportion des élèves en grande difficulté, qui passe en dix ans de 15 % à 20 %. La cause du malaise n'est donc pas à rechercher dans la qualité pédagogique de l'enseignement, mais dans les inégalités culturelles de départ, liées notamment à l'immigration et à la ségrégation urbaine.
Comment inverser la tendance ? D'abord en attaquant les inégalités à la racine, c'est-à-dire dès la petite enfance : le « capital cognitif » se construit entre un et trois ans. Cela passe par un réseau dense et bien équipé de crèches et de maternelles : les pays scandinaves y consacrent proportionnellement deux fois plus de ressources que la France. Mais il s'agit là d'un remède à long terme. En attendant, il faut prendre acte des inégalités qui existent : le soutien scolaire, que la récente réforme a commencé à mettre en place, est une première réponse. Un rapport de la Cour des comptes recommande une solution plus radicale : briser l'uniformité du système, adapter l'offre d'enseignement aux besoins et au niveau des élèves, ce qui suppose une large autonomie des établissements en matière de programmes, de méthodes et de composition des équipes pédagogiques, ainsi qu'une stricte évaluation des résultats. Certains verront là une entorse à l'« égalitarisme républicain » - d'autres un progrès vers l'égalité réelle.
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