TOUT EST DIT

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samedi 13 novembre 2010

G20 : croissance ou développement ?

Si nous ne voulons plus de ces guerres abominables que nous commémorons et que nous déplorons, nous sommes bien forcés de nous entendre. Là est la raison d'être des grandes institutions internationales et des rencontres comme celles du G20 à Séoul. Certes, nous n'avons pas vu de résultat extraordinaire, mais, au moins, on aura parlé, comparé, supputé les risques et tenté de trouver des voies qui aboutiront à des solutions.

Cependant, compte tenu des ressources planétaires et des évolutions politiques et démographiques, le temps presse. Or, les nations sont loin de réaliser ce qu'elles disent souhaiter : moins de déséquilibres dans le monde, moins d'écarts entre pays riches et pays pauvres, davantage de coopérations pour mieux faire fonctionner économie et finance mondiales.

En ce qui concerne l'aide des pays riches aux pays pauvres, on est loin des promesses du millénaire. Certes, la crise est passée par là et a raboté les dons. Mais, dès avant, à part certains pays nordiques, bien peu avançaient les fonds au niveau promis.

Le G20 a le mérite d'associer les pays émergents. Mais on a parfois le sentiment que, derrière la scène, se déroule aussi une sorte de G2, Chine - États-Unis, dont les responsabilités dans la finance mondiale sont immenses. Malheureusement, l'Union européenne ne fait pas le poids alors qu'à l'évidence, si elle était plus unie et plus cohérente, elle devrait être le troisième partenaire de ce sous-groupe. Elle pourrait alors contribuer puissamment aux rééquilibrages nécessaires.

Un grand dessein à offrir aux responsables du monde

Il est un aspect plus important encore que l'on ne souligne pas assez : tout le monde cherche la croissance, mais la croissance ne peut être infinie. On comprend les pays en voie de développement et émergents qui nous disent, en quelque sorte : « Nous voulons avoir ce que vous, pays riches, avez eu. » On comprend cette revendication et les efforts qui la soutiennent. Mais cette sorte de mystique de la croissance conduit à étendre la notion de sociétés de consommation, d'autant que les pays émergents s'alignent sur les comportements parfois aberrants des pays riches. Pourtant, les ressources de la planète ne sont pas illimitées et les consommer trop intensément aujourd'hui posera, demain, de graves problèmes à nos successeurs. Quand donc un G20 mettra-t-il cette question essentielle à l'ordre du jour de ses travaux ? Quand donc un G20 se décidera-t-il à distinguer la croissance du développement ?

Comme l'écrivait « ce bourlingueur du monde de la faim », le père Louis-Joseph Lebret, « le concept de croissance et le concept de développement sont loin d'être identiques, car la croissance est encore un concept uniquement économique... Le problème à résoudre en matière de développement est plus vaste qu'un problème économique et politique... Il s'agit de modes nouveaux d'échanges entre les peuples qui ne peuvent pas être des modes mercantiles, qui ne peuvent pas être des modes purement intéressés » (1). De plus, souvent, « quand on parle de développement, il ne s'agit pas de développer, mais de dominer. Dans ces conditions, le résultat ne peut être qu'une immense désillusion... Il s'agit donc d'une colossale révolution mettant en question tous nos comportements » (2).

Aristote affirmait : « Il n'y a de véritable amitié qu'entre égaux. » C'est pour cela que, si nous voulons la paix, il n'y a qu'un grand moyen qui devrait s'inscrire comme le grand dessein à offrir aux responsables du monde et aux sociétés qu'ils dirigent, celui du « développement universel sans pensée de domination économique ou intellectuelle » (2).



(1) Louis-Joseph Lebret, un homme traqué, Éditions Golias.
(2) Louis-Joseph Lebret, Développement et civilisation.

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