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dimanche 6 juin 2010


Le Regard de Michèle Cotta: "Quand la rumeur met l’euro au plus bas"



Il n’y a pas que dans la vie privée, même lorsqu’il s’agit de celle d’un Président de la République, que les rumeurs, nées on ne sait comment ni pourquoi, peuvent faire du mal. Lorsqu’il s’agit de finance internationale, de crise monétaire mondiale, de spéculations planétaires, elles sont plus pernicieuses encore, parce que capables d’avoir des conséquences d’une tout autre gravité.

Ainsi une rumeur colportée tout récemment par le tout puissant Financial Time a mis l’euro au plus bas, et lui a porté un coup presque fatal. Le récit, tel qu’il a été fait par certains correspondants de la presse du monde entier, dont Jean Quatremer, sans doute aujourd’hui le commentateur européen le plus fiable, a de quoi faire réfléchir.

Cela s’est passé le 27 mai dernier. Ce jour-là, le « F.T », donc, fait état d’une rencontre entre le gouverneur de la Banque centrale chinoise et quelques banquiers américains : les autorités chinoises, affirme le journal financier, ont alors affiché, devant leurs interlocuteurs étrangers, leur volonté de se désengager de la zone euro et de ses obligations.

Cette simple rumeur a suffi pour emballer la machine. A partir du moment où les Chinois, aujourd’hui les habitants du pays aujourd’hui le plus puissant du monde, se débarrassent de l’euro, quel spéculateur, quel pays, quel continent voudraient le garder ? Au contraire : en bons moutons de Panurge que sont le plus souvent les marchés, chacun s’est défait au plus vite de ses euros. La monnaie européenne atteindra donc, quelques heures plus tard, son niveau le plus bas.

Le démenti chinois

Il a suffi de quelques lignes dans un journal de grande réputation, et de grande imprudence, pour en arriver là. Bien sûr, les autorités chinoises ont rapidement démenti les propos prêtés par le Financial Time, ce qui permit d’éviter la catastrophe. A noter que le Financial time, lui, n’a jamais reconnu son erreur.

Comment ne pas trouver folle cette mécanique qui nous échappe, sur laquelle retentit la moindre rumeur infondée, et à laquelle finalement, individuellement et collectivement, nous sommes tous soumis? Comment ne pas s’alarmer devant la fragilité des systèmes monétaires, dont on nous dit depuis des années, que maintenant, à cause des G20, et autres sommets internationaux, ils sont totalement maîtrisés?

Si on ajoute à cela le bon vouloir des agences de notations, instruments encore plus imprévisibles, qui ajoutent ou enlèvent un A, ou un point, aux pays en se fondant sur des critères qu’eux seuls, et certains financiers de haute volée connaissent, la folie des spéculateurs et des raiders qui court, accélère et rebondit d’un bout à l’autre de la planète, sans oublier l’appât du gain qui saisit ceux qui jouent parfois contre leur propre pays, comme ils joueraient au casino, force est de convenir que nous sommes entrés dans une ère nouvelle, où la guerre financière a remplacé celle des avions et des tanks, où la monnaie a remplacé les armes conventionnelles, où la puissance de quelques-uns va bien au-delà de la volonté des peuples.

Il n’y a plus dans le monde de combattants qui montent au combat une fleur au fusil, comme lors de la première guerre mondiale. Il y a des combattants tapis dans l’ombre, qui tentent de déséquilibrer les autres, pour faire gonfler leur portefeuille.

Michèle Cotta.

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