Un pouvoir politique, quelle que soit sa couleur, peut-il résister à la crise ?
Les tempêtes économiques sont toujours des épreuves pour les démocraties. L'histoire nous a même montré qu'elles pouvaient, hélas, déclencher les mécanismes totalitaires les plus barbares. Nous n'en sommes pas là, évidemment, mais l'inconnu auquel les dirigeants des grands pays libres doivent faire face met en évidence les limites de la volonté politique. Il interroge aujourd'hui tous les chefs d'État et de gouvernement de la zone euro sur leurs méthodes, leur communication et leur relation aux peuples qui les ont élus : est-il seulement possible de leur tenir un langage de vérité quand on sait par avance que ce courage-là risque à coup sûr d'être sanctionné par les urnes ?
Nicolas Sarkozy est confronté à cette contradiction : victorieux sur un programme de changement dynamique en 2007, il n'a d'autre choix aujourd'hui que d'être le président de la rigueur. Inévitablement, ce décalage a un effet meurtrier dans les sondages. A 28% dans l'enquête Sofres-Figaro Magazine publiée hier, sa cote de confiance retombe à son plus bas niveau. Plutôt favorablement accueilli, pourtant, le changement d'image - plus de distance, plus de calme, plus de réserve - opéré par le chef de l'État ne résiste pas au pessimisme du réel. Et au discours de l'effort qui a succédé à celui de l'espérance.
63 % des Français jugent négativement la politique sociale initiée par l'Élysée (sondage CSA Cap). Ce n'est pas une surprise. L'opinion n'a jamais eu le sens du sacrifice et l'impopularité présidentielle est inévitable. Elle pourrait n'être que provisoire, et ne pas obérer les chances d'une nouvelle candidature en 2012, si elle n'était activée par le désenchantement. C'est en effet sur le pouvoir d'achat, le travailler plus pour gagner plus, et sur l'emploi que le scepticisme est le plus négatif. Autrement dit, trois piliers de la campagne victorieuse de 2007.
C'est toute la crédibilité des discours volontaristes qui est aujourd'hui entamée. Nicolas Sarkozy est condamné, il le sait, à jouer sur un autre registre s'il veut l'emporter à nouveau en 2012. Mais son rival socialiste l'est tout autant ! « Dans une élection, on ne peut pas faire autrement que d'offrir du rêve », confie volontiers Valéry Giscard d'Estaing, victime lui aussi de la crise des années 70. Mais cette figure imposée a peut-être vécu, elle aussi. Les promesses sont les barreaux de la prison politique qui attend les vainqueurs une fois au pouvoir. Chacun s'en méfiera désormais. La pédagogie de la dette monstrueuse que nous avons accumulée depuis 30 ans impose aux aventuriers de 2012 des élans churchilliens. Qui sera capable de les transcender pour leur donner un sens d'avenir ? Une force de séduction ?
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