TOUT EST DIT

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mercredi 9 juin 2010

La direction du PCF contestée en interne

A dix jours du congrès qui doit entériner l'arrivée de Pierre Laurent à la tête du parti, les communistes sont plus que jamais divisés. En cause : la place du PCF au sein du Front de Gauche.

Le passage de témoin s'annonce difficile pour Pierre Laurent. L'actuel numéro 2 du PCF, qui doit succéder à Marie-George Buffet à la tête du parti lors du congrès d'étape des 18-20 juin, doit d'ores et déjà faire face à une importante contestation. Plusieurs initiatives ont en effet vu le jour pour remettre en cause la direction du parti communiste.

A commencer par la démission remarquée de 14 membres du conseil national. En avril, les députés Patrick Braouezec, François Asensi et Jacqueline Fraysse et des communistes historiques comme Pierre Zarka ou Roger Martelli ont décidé de quitter le PCF en dénonçant le «raidissement dans la pratique démocratique» d'un parti «plombé par une conception dépassée de la politique» et par «une matrice d'organisation archaïque». Ils ont été rejoints par environ 200 élus et responsables de réseaux locaux qui ont eux aussi choisi de claquer la porte du PCF. Ces «démissionnaires», issus du courant critique du parti, projettent de rejoindre la Fédération pour une alternative sociale et écologique, un rassemblement politique né en décembre 2008 visant à regrouper toute la «gauche alternative».

La «main tendue» de la direction

Si le mouvement de contestation au sein du PCF est surtout visible chez les élus, il a aussi contaminé la base du parti. Dans un «texte alternatif» qu'ils comptent soumettre à la discussion lors du congrès, plus de 650 communistes de 59 fédérations différentes ont fait publiquement connaître fin mai leurs doutes sur la stratégie actuelle du parti. Représentant la frange «orthodoxe» du PCF, tous déplorent la dilution du parti au sein du Front de Gauche, qui rassemble depuis les européennes de 2009 le PCF et le Parti de Gauche de Jean-Luc Mélenchon. Les pétitionnaires assurent que la nouvelle alliance «a donné une importance politique démesurée aux partenaires du PCF» et «accentue le processus d'effacement du parti». Et comme leurs «camarades» démissionnaires, ils réclament désormais des «transformations profondes».

«La transformation du PCF, c'est justement ce dont il va être question lors du congrès ! Alors pourquoi partir au moment même où on engage cette discussion ?», s'interroge Olivier Dartigolles, porte-parole du parti. Il assure au figaro.fr que les démissionnaires et les contestataires «n'ont pas su saisir la main qui leur a été tendue. Toutes ces questions sont sur la table, mais nous voulons y répondre de manière constructive, en évitant les querelles inutiles». Olivier Dartigolles reconnaît cependant que le chantier de «métamorphose» du parti, voté lors du Congrès de 2008, «n'a pas été engagé». «D'où l'importance du prochain congrès… », martèle-t-il.

2012 dans toutes les têtes

Quant à l'alliance tant décriée avec le Parti de Gauche, elle ne semble pas gêner outre-mesure la direction du parti. «La stratégie du Front a été adoptée avec une large majorité en 2008», renchérit le porte-parole du PCF. Avant de préciser : «L'alliance a pu se stabiliser lors des dernières échéances électorales et a trouvé une place dans le paysage politique, le PCF avec.» Dans une tribune signée mardi dans L'Humanité, Pierre Laurent se dit même prêt à initier une «nouvelle phase du Front de Gauche. Le Front de gauche doit plus que jamais apparaître et vivre comme un processus de rassemblement ouvert susceptible d'initier d'ici à 2012 un nouveau Front populaire», écrit-il.

Reste la question - très sensible - du candidat pour 2012. Fort des 5 à 6% d'intentions de vote que lui attribuent les sondages, Jean-Luc Mélenchon ne cache pas ses ambitions et «se sent capable » d'être le candidat du Front de Gauche à la présidentielle. Les signataires du texte alternatif crient déjà au scandale et demandent un candidat communiste «pure souche ». Pris entre deux feux, le porte-parole du parti préfère ne pas trop se mouiller : «Nous voulons une candidature de rassemblement. Mais il peut y avoir d'autres noms que Mélenchon qui émergent… ». Et de citer l'exemple de Patrick Le Hyaric, directeur de l'Humanité, ou de André Chassaigne «qui a fait plus de 14% aux régionales» en Auvergne. «De toute façon, conclut-il, aucune décision ne sera prise avant le congrès ordinaire de juin 2011». Trop tard, selon le Parti de Gauche, qui presse son allié pour qu'un candidat soit désigné dès le premier semestre 2011.

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