TOUT EST DIT

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mercredi 9 juin 2010

Du bon usage de la crise

Lors du déjeuner, mercredi, du Syndicat professionnel des papiers de presse, auquel assistaient les éditeurs de journaux, la ministre de l'Économie, Christine Lagarde, affirmait: «D'une crise, d'une difficulté, on peut faire une chance». Moins politique et plus direct, l'un de ses conseillers me glissait: «Il faut arrêter de se payer de mots. Les marchés ont décidé de nous imposer la rigueur». Encore plus précis, le Premier ministre François Fillon, en déplacement à Épinal, déclarait hier: «Il n'est pas question de se soumettre à je ne sais quel diktat des spéculateurs et des marchés, mais il est dangereux d'ignorer leurs avertissements, car la vérité, c'est que nous dépensons trop depuis trop longtemps». Ce principe de réalité, François Fillon l'avait déjà énoncé, en déclarant, à l'époque: «Je suis à la tête d'un État en faillite». Ce qui lui fut reproché à tort par Nicolas Sarkozy, partisan d'une approche moins brutale et plus démagogue. Fidèle en cela à Jacques Chirac. Si les décisions du G-20 ont permis d'éviter une thrombose des marchés financiers, comme lors de la crise de 1929, et un retour au protectionnisme généralisé, bien qu'il commence néanmoins à s'étendre, l'effondrement de la Grèce a donné la mesure des fragilités de la Zone Euro. En communiquant à cinq reprises sur un déficit successivement passé de 3,5% à 13,2% du PIB, Athènes, passé maître dans l'art du camouflage, a démontré, par son impéritie, à quel point les marchés exigent de la fiabilité. Or, le Traité de Lisbonne prévoit des principes de gouvernance qui permettent aux Européens de vivre ensemble. Faute de gouvernement économique et de levier sur la monnaie gérée par la Banque centrale européenne, les marges de manoeuvre sont néanmoins limitées. La dévaluation, bien pratique par le passé, est désormais impossible. La création d'un fonds souverain de 750milliards d'euros a provisoirement permis d'enrayer l'hystérie des marchés. Faisant cela, l'Europe a montré sa puissance et sa capacité de mobilisation financière. Une zone de 300millions d'habitants parmi les plus riches de la planète ne disparaîtra pas du jour au lendemain, même si le monde oppose désormais les «déclinants» aux «émergents». Il reste que l'Allemagne a montré la voie d'un modèle économique vertueux. Et que le président français s'est trop dispersé durant la première année de son mandat pour suivre efficacement cette voie.

* Hubert Coudurier

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