TOUT EST DIT

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mercredi 9 juin 2010

Zone euro. Angela Merkel impose son tempo

En dépit des mesures ambitieuses finalisées, lundi, par les Européens, les marchés ne sont toujours pas rassurés et redoutent désormais que les plans d'austérité finissent par tuer la croissance en Europe...

L'Europe n'est ni un problème, ni une solution! Chinois et Américains avaient tort:l'Europe, première puissance économique de la planète, est le boulet du Monde. L'euro chute à la vitesse de l'éclair: - 16 % depuis janvier. La croissance est anémique: de l'ordre de 1 %. Les déficits continuent de déraper. La dette atteindrait 110 % du PIB en 2012. Le malaise européen contamine les marchés, lesquels ont gravement dévissé de 3.500 milliards de dollars de capitalisation évaporés lors d'un mois de mai meurtrier. Record absolu. Autre mauvais présage, les banques, comme en 2009, renâclent à se prêter de l'argent, préférant la sécurité de la Banque centrale européenne (BCE) à Francfort. Angela Merkel prend le taureau par les cornes et décrète, contre toute attente, un plan de rigueur historique, de 80 milliards d'économie d'ici à 2014! Politiquement affaiblie par son revers électoral, les démissions en cascade et la gestion de crise, la chancelière prend le risque d'une austérité jamais vue, outre Rhin, depuis la guerre. D'une possible récession. Ses partenaires la priaient de modérer ses ardeurs pour ménager le potentiel de reprise. Elle choisit de restaurer son leadership national.

Les cavaliers seuls c'est fini

Message clair: c'est l'Allemagne avant l'Europe. D'où le report du sommet Merkel/Sarkozy au 14juin, une première, là encore, dans l'histoire du couple franco-allemand. Une nouvelle fois, on dira que l'Europe avance en crabe avec des États privilégiant le chacun pour soi. À l'instar de Berlin, Londres, Madrid et La Haye embouchent les trompettes de l'austérité, tandis qu'à Paris, Nicolas Sarkozy ne prononce toujours pas le mot rigueur et rabote les niches fiscales. La France peut-elle faire cavalier seul? C'est exclu, maintenant que l'Allemagne a pris l'initiative budgétaire. Que l'Eurogroupe a arrêté les modalités du Fonds de stabilisation à 440 milliards destiné à secourir tout État membre en difficulté. Et, surtout, depuis que les 16 ont décidé, lundi soir, que leurs projets de budgets nationaux seraient désormais soumis à la Commission et aux États membres, pour examen préalable.

Sanctions plus strictes

Le budget tricolore passé au peigne fin à Bruxelles: cela va faire du pétard dans le Landerneau, et pas seulement chez les «souverainistes» de tous poils. Enfin, et c'est une autre leçon tirée de la crise grecque, il y aura des sanctions plus strictes contre tout pays ne respectant pas la discipline budgétaire qu'impose la monnaie commune. Ira-t-on, lors du grand conseil du 17 juin, jusqu'à dessiner les contours de ce fameux gouvernement économique qui déplait tant à Angela Merkel et ses amis? Nicolas Sarkozy propose au moins d'établir un comité de pilotage des politiques budgétaires, ce qui serait un réel progrès. De fait, tout dépendra maintenant de l'entente Paris/Berlin. Le couple tangue fortement. Egocentrée, l'Allemagne a frappé un grand coup. La politique de la France ne se fait pas à la corbeille, tonnait de Gaulle. L'avenir de l'Europe a tout l'air de se décider outre Rhin.

* Henry Lauret
*Henry Lauret écrit dans le télégramme de Brest

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