L'Allemagne donne-t-elle le bon ou le mauvais exemple avec son programme drastique de réduction des déficits publics arrêté hier ? La réponse relève de la cartomancie. En faisant la chasse aux subventions, en sabrant dans les budgets sociaux, dans la fonction publique et dans les forces armées, l'Etat fédéral fera certainement des économies. Sans oublier l'apport bienvenu de quelques recettes supplémentaires sous formes de taxes - par exemple sur les centrales nucléaires, taxes vite répercutées sur les tarifs de l'électricité. Mais à quel prix ? Celui d'une contagieuse déflation dans toute l'UE ?
Plus inquiétant pour la cohésion de l'Europe est ce nouveau « cavalier seul » de Berlin. Au lieu d'assumer son rôle de locomotive, la première économie du continent freine de toutes ses roues. Et sans la moindre concertation, semble-t-il, ce qui explique aussi, et mieux que les embrouillaminis diplomatiques, l'annulation du tête-à-tête que devaient avoir hier soir Nicolas Sarkozy et Angela Merkel. En même temps, les décisions allemandes répondent sans fard aux velléités françaises de « gouvernance économique » de la zone euro encore avancées hier à Luxembourg. La seule « gouvernance » qui sied à l'Allemagne est celle de la rigueur dans le respect du monétarisme à la deutschmark.
A la faillite de la Grèce (et de la Hongrie, hors euro), aux difficultés du Portugal ou de l'Espagne, s'ajoute désormais une crise européenne. Elle était prévisible. Une Commission médiocre, exclusivement préoccupée pendant son mandat précédent par la libéralisation du Marché intérieur, n'avait rien vu venir. Quant à tous les gouvernements de l'UE, élus sous des promesses de bateleurs (bouclier fiscal, TVA réduite pour la restauration en France, baisse des impôts en Allemagne et - un comble - en Hongrie), ils se sont montrés incapables de mettre sur pied un vrai plan de relance européen par peur qu'il profite aux voisins... tout en ayant rapidement su répondre à coups de milliards aux sollicitations de leurs banques.
Reste à remettre de l'ordre dans la zone euro. Le recul de la monnaie unique face au dollar n'a pas que des désavantages. Mais la baisse ne saurait s'accélérer. L'injonction la plus sérieuse, celle qui fera rapidement réagir les marchés, vient du FMI. Il demande aux Européens de « parachever » leur union monétaire. Ce qui - n'en déplaise à Angela Merkel - signifie en langage clair la création de cette fameuse gouvernance économique basée sur d'autres fondements que la seule rigueur budgétaire associée à l'orthodoxie monétaire dans le respect (très théorique, pourtant...) des critères de Maastricht. Dominique Strauss-Kahn volerait-il au secours de Nicolas Sarkozy ?
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