TOUT EST DIT

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vendredi 28 mai 2010

Mobilisation avec décote

"Bosser jusqu'à 67 ans, d'accord, mais je commence quand ?" Parmi tous les slogans lus hier au hasard des banderoles et des calicots, celui-ci, à la fois humoristique et désabusé, était sans doute l'un des plus représentatifs de l'état d'esprit général. Car, certes, si l'on a manifesté un peu partout en France, c'était à l'évidence pour la défense des retraites, mais, au-delà de cette priorité dictée par l'actualité, se profilait un tourment beaucoup plus transgénérationnel.

À l'heure où l'hypothétique sortie de la vie active apparaît plus que jamais tributaire de l'improbable entrée dans le monde du travail, c'est toute une préoccupation composite

et multiforme qui s'est exprimée. Un constat pas vraiment à même de simplifier le regard que l'on peut porter sur la mobilisation de ce 27 mai. Comment la définir ? Disons qu'on a eu affaire à un solide sursaut, à ce bémol près qu'il y manquait le franchissement d'un palier. Celui, très symbolique, du million de personnes, aurait ancré ce "jeudi noir" à l'histoire sociale. Une foule plus disparate, absurdement écartelée comme d'habitude entre les chiffres des organisateurs et ceux de la police, n'a pu qu'introduire une once de déception dans le cri de victoire des syndicats.

Un semi-échec suffisant,

en tout cas, pour conforter la stratégie du gouvernement qui entend continuer d'avancer sur le grignotage de l'âge légal des départs sans brusquer l'annonce de nouveaux seuils. Attention : nos dirigeants auraient cependant tort de considérer qu'il ne s'est rien passé hier. Si une certaine forme de résignation, voire de sagesse ou de raison,

a empêché une franche démonstration de force,

il n'en reste pas moins qu'une inquiétude à taux plein plane sur la France.

Une grande peur de l'avenir qui, contrairement à celle des leaders politiques, ne s'arrête pas en 2012.

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