TOUT EST DIT

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vendredi 28 mai 2010

Résignation

Les entomologistes de l'action sociale auront beau disséquer les grèves et manifestations d'hier, à Paris et en province, contre les projets de réforme du système de retraite, il leur sera difficile d'y trouver le moindre signe d'une dynamique de contestation. Au mieux, au grand mieux, la mobilisation orchestrée de longue date partout en France aura réuni autant de monde que celle du 23 mars. Ce jour-là, déjà, le « troisième tour » social annoncé après la défaite de la droite aux régionales s'était dégonflé en simple « tour de chauffe ». Hier, les fonctionnaires ont été encore moins nombreux à cesser le travail contre une réforme des retraites qui les concerne il est vrai assez peu. Surtout, ils n'ont pas réussi à attirer dans leurs défilés ces salariés du privé qui auraient donné un sens au mouvement.

Mettre 400.000 personnes (de source policière) dans les rues pour la deuxième fois en deux mois n'est bien sûr pas anodin. D'ailleurs, à commencer par un gouvernement prudent dans ses commentaires, nul ne prend cela à la légère. Mais le résultat reste très loin et des précédents et des objectifs. Le 13 mai 2003, lorsque la contestation de la réforme Fillon battait son plein, ce sont plus de 1 million de Français qui avaient battu le pavé.

Les leaders syndicaux et les dirigeants des partis de gauche n'étaient pas loin d'en espérer autant, eux qui jouaient gros de leur propre aveu. L'étendue de leur déconvenue doit être à la mesure de leur espoir de grand soir. Le rêve des opposants au plan de sauvetage des retraites a fait pschitt. A ce point, c'était inattendu et d'autant plus cuisant que l'exécutif ne cachait plus son jeu, ayant abattu sa carte maîtresse, celle du report de l'âge légal de départ.

Au lendemain de cette journée d'action, le rapport des forces a changé, mais pas dans le sens prévu par les syndicats, qui devraient y réfléchir à deux fois avant de se risquer à une troisième tentative, en juin.

Il ne faudrait pas cependant prêter à cet échec plus de portée qu'il n'en a. Cette faible mobilisation persistante traduit surtout comme un état de résignation de l'opinion, étape sur le chemin qui mène de la désapprobation à l'acceptation. De là à y voir un début d'adhésion, ne serait-ce qu'à la forme d'une réforme, il y a un pas que le gouvernement ne saurait franchir, à la différence de son porte-parole, Luc Chatel. Le Parti socialiste non plus, d'ailleurs, qui n'a guère rassemblé hier, ni autour de ses recettes pour les retraites, ni autour de la défense du vieil héritage mitterrandien.


JEAN-FRANCIS PECRESSE

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