TOUT EST DIT

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vendredi 28 mai 2010

Retraites: L'exécutif "conforté"

Un million de personnes ont manifesté jeudi en France contre la fin de la retraite à 60 ans, selon les syndicats, 395.000 selon les pouvoirs publics. Les centrales menacent d'un mouvement de plus grande ampleur si le gouvernement campe sur ses positions. Le porte-parole de ce dernier, Luc Chatel, a estimé que la mobilisation avait été faible et compte mener la réforme à bien.

Comme d'habitude, il s'agit d'une histoire de chiffres. L'intersyndicale (CGT, CFDT, CFTC, Solidaires, Unsa et FSU) s'estime rassurée par le bilan de la journée d'action organisée jeudi pour protester contre le projet de réforme des retraites voulu par le gouvernement. Pour les syndicats, le pari est rempli: ils estiment avoir mobilisé un million de personnes, quand la journée d'action du 23 mars n'avait réuni qu'entre 380.000 et 800.000 personnes selon les sources. "Cette journée était importante et elle est réussie", a déclaré le secrétaire général de la CGT, Bernard Thibault, à la presse, soulignant que les syndicats avaient "besoin de cette séquence" pour repartir de l'avant. "La question en suspens, c'est maintenant de savoir si on va dépasser le million de manifestants, ce n'est pas du tout impossible", a-t-il ajouté au départ du cortège parisien.
Pour François Chérèque, le leader de la CFDT, le million de manifestants serait "atteint ou dépassé". Les défilés sont toutefois restés loin de ceux qui avaient accompagné les réformes des retraites de 1995 et 2003 et réuni jusqu'à deux millions de personnes, selon les syndicats. Mais les pouvoirs publics font eux état d'un tout autre chiffre: selon leur décompte, seules 395.000 personnes ont en effet défilé dans les rues de l'Hexagone jeudi.

Baisse de la mobilisation à Paris

Les arrêts de travail ont en tout cas peu perturbé les transports tandis que la grève semblait moyennement, voire faiblement suivie dans l'Education nationale (13,95%) et la Fonction publique (11,6%), selon les estimations ministérielles. Dans la matinée, les premiers défilés en province attestaient toutefois d'une mobilisation en légère hausse par rapport à mars dernier, notamment à Marseille où 80.000 personnes ont manifesté selon les syndicats sous le slogan : "Sarkozy nous écoute, disons-lui qu'on ne veut pas travailler jusqu'à 70 ans". Selon la police, ils n'étaient que 12.000. Fin mars, les chiffres s'étalaient de 12.000 à 50.000 dans la citée phocéenne. La mobilisation était égale ou supérieure à celle du 23 mars, avec 12.000 à 20.000 manifestants à Rouen (contre 10.000 à 15.000) ou 4.900 à Nice, selon la police, contre 4.200 en mars dernier. Plus tard, les Rennais faisaient également mieux qu'en mars, avec 6.500 manifestants selon la police et 17.000 personnes selon les organisateurs, contre 5.500 manifestants à 10.000 le 23 mars. A Bordeaux, la mobilisation s'est affaiblie: environ 6.500 personnes selon la police, 40.000 selon la CGT, ont défilé dans les rues, contre respectivement 8.000 et 30.000 il y a deux mois.

Reste que la mobilisation à Paris n'a pas été concluante. La CGT y revendiquait 90.000 manifestants. La préfecture de police avançait le chiffre de 22.000. De toutes façons, c'est bien moindre qu'il y a un mois, lorsque les forces de l'ordre comptait 31.000 participants. Mais les syndicats savaient que la mobilisation pourrait être amoindrie du fait que la réforme épargne pour l'instant ceux qui bénéficient de régimes spéciaux, déjà amendés en 2007. D'où la faiblesse du mouvement de grève à la SNCF par exemple (voir encadré), où environ trois trains régionaux sur quatre circulent, alors que les syndicats tablaient, mercredi, sur 80% de salariés en arrêt de travail. Sans cet apport traditionnel de manifestants, dur de faire le poids. Pourtant, un sondage a pu gonfler l'optimisme des partenaires sociaux. Selon une étude de CSA pour Le Parisien-Aujourd'hui en France, une majorité de Français (62%), particulièrement les jeunes et les 50-64 ans, se disaient "prêts à manifester" pour défendre le maintien de l'âge légal de la retraite à 60 ans.

Le gouvernement ne plie pas

Le gouvernement peut également se rassurer en constatant le faible taux de participation aux grèves, comme dans les écoles ou les transports, selon les estimations ministérielles. "On a très clairement une journée de mobilisation faiblement suivie", a souligné Luc Chatel sur France Info en précisant que la participation était équivalente à celle du 23 mars, mais en retrait par rapport au mouvement de 2003. Des résultats qui viennent "valider la méthode du gouvernement", qui, a-t-il expliqué "sans triomphalisme", est "faite d'écoute, de dialogue, et de détermination". Il a ajouté que le gouvernement avait entendu ces manifestants mais que son rôle était de "prendre ses responsabilités (pour) sauver le système par répartition et donc aller au bout de cette réforme".

"Si le gouvernement persiste, nous prendrons d'autres initiatives", a prévenu Bernard Thibault. "A ce stade, il n'y a plus que le rapport de force dans la rue pour défendre la retraite à 60 ans et les acquis sociaux auxquels Nicolas Sarkozy s'attaque méthodiquement", a ajouté le secrétaire général de la CGT. C'est la raison pour laquelle d'autres journées de mobilisation devraient suivre d'ici l'été, laissent entendre les leaders syndicaux, qui en débattront la semaine prochaine. "Les choses vont se faire dans le temps, ce n'est pas une manifestation qui suffira", déclare le secrétaire général de la CFDT, François Chérèque, dans Les Echos. Quoiqu'il arrive, les syndicats pourront soit se rattraper, soit enfoncer le clou. (là, il rêve !)



SNCF: Un quart de grévistes

Un peu plus d'un quart des cheminots étaient en grève jeudi dans le cadre de la journée interprofessionnelle de défense des retraites, selon la CGT, qui conteste la mobilisation moindre annoncée par la direction de la SNCF et le gouvernement. Le principal syndicat de l'entreprise ferroviaire a fait état de 28% de grévistes, tous secteurs confondus, mais avec de fortes disparités régionales.
"Malgré les pressions et les tentatives de démobilisation du gouvernement et de la direction de la SNCF (...) les cheminots ont agi avec lucidité", se félicite la CGT dans son communiqué. Ils refusent "d'opposer salariés du privé et du public (...) et contestent les mesures envisagées par le gouvernement concernant l'allongement de la durée de cotisation et le recul de l'âge de départ à la retraite qui conduisent inévitablement à la bausse des pensions", poursuit le texte.

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