Trois semaines après le départ fracassant de la fédération agro-alimentaire, c'est au tour de Jean-Charles Simon, un des directeurs généraux du Medef, de claquer la porte. Déterminée à briguer un second mandat, la patronne des patrons est de plus en plus marginalisée.
Que se passe-t-il au Medef ?
Un des deux directeurs généraux délégués du Medef, Jean-Charles Simon, a démissionné de ses fonctions mardi. Un désaveu de plus pour Laurence Parisot, à peine trois semaines après que l'ANIA, la fédération de l'agroalimentaire, a claqué la porte de l'association patronale. Le départ de Jean-Charles Simon représente la troisième défection en trois ans, après celle de Jacques Creyssel, licencié pour "faute grave", et de son remplaçant, Pierre Henri Ricaud, parti au bout de trois mois sans fournir d'explication. Jean-Charles Simon l'avait remplacé en novembre 2008, en binôme avec Hélène Molinari - qui, elle, reste en poste.
Que reproche-t-on à Laurence Parisot ?
Jean-Charles Simon évoque des défaillances "en matière de prise de décision, de management, d'organisation des rôles". Il n'est pas le seul. "Il y a beaucoup de gens qui ont du mal à travailler avec Laurence", glisse un haut responsable du Medef sous couvert d'anonymat. Jean-René Buisson, le président de l'ANIA, trouvait lui aussi qu'elle "régnait de manière trop personnelle, ne lui parlait de rien et préférait consulter des conseillers non élus extérieurs, notamment de l'IFOP, qu'elle dirigeait auparavant", avait confié à l'Expansion.comGuillaume Delacroix, auteur d'une "Enquête sur le patronat".
A cela s'ajoute une orientation sociétale des débats qui n'est pas du goût des patrons. Développement durable, lutte contre les discriminations, passerelles avec le monde de l'université, des arts, de la magistrature... les thèmes privilégiés par Laurence Parisot et sa conseillère Rosine Lapresle sont loin des préoccupations financières des chefs d'entreprise, surtout en temps de crise. "Alors que son prédécesseur, Ernest-Antoine Seillière, était très apprécié en tant qu'homme de terrain, selon Guillaume Delacroix, Laurence Parisot est vue comme faisant avant tout de la com'."
Des critiques relayées par Alain Minc. Très proche des milieux patronaux, le conseiller officieux du président Nicolas Sarkozy a jugé fin décembre que le Medef avait été "aux abonnés absents" dans la gestion de la crise, tandis que les syndicats l'ont "cogérée" avec l'Etat. "S'il y avait un dixième du talent de l'état-major de la CGT au Medef, les choses iraient mieux", a-t-il lancé dans un réquisitoire sans appel à l'encontre de la hiérarchie patronale.
Mais la présidente assume et défend son bilan. "Pas question d'abandonner" le terrain sociétal, affirme-t-elle dans une interview au Figaro.
Un deuxième mandat fin juin est-il compromis ?
En 2005, la dirigeante de l'institut de sondages Ifop avait été soutenue par le Groupement des professions de services (GPS), nombre de banquiers, mais aussi par certaines fédérations industrielles, comme l'ANIA. Cela lui avait permis de damer le pion au candidat de l'Union des industries et des métiers de la métallurgie (UIMM) Yvon Jacob - une première dans les annales patronales. Cette année, elle ne pourra plus compter sur l'agroalimentaire.
Pour l'instant, Laurence Parisot est quasiment seule en lice. A part Thibault Lanxade, un jeune patron de PME qualifié de "trublion inoffensif" par le journaliste du Figaro Marc Landré, sur son blog, aucun concurrent ne s'est encore officiellement présenté. Toutefois, des noms commencent à circuler. A commencer par celui de Denis Kessler, le PDG du réassureur français Scor et ancien numéro 2 du Medef, institution qu'il a fondée avec Seillière en 1998. Redouté pour ses accès de colère et son libéralisme exacerbé, l'ex-poulain de Dominique Strauss-Kahn ne manque pas d'atouts: grand négociateur, respecté des syndicats, homme de conviction, expert des retraites... Et contrairement à Laurence Parisot, dont l'entreprise de portes coulissantes, Optimum, a subi de lourdes pertes avant d'être cédée en 2006, Denis Kessler a largement fait ses preuves dans le monde des affaires. En sept ans, il a restauré la croissance du groupe Scor, qu'il a hissé à la cinquième place mondiale de la réassurance.
Son seul défaut, du moins au yeux du "clan" des industriels : son appartenance, comme Laurence Parisot, au monde des services. L'UIMM, dont l'appui est indispensable, pourrait donc choisir de soutenir plutôt un candidat industriel.
Parmi les concurrents potentiels répondants à ce profil, il y a notamment Yvon Jacob, qui termine bientôt son mandat à la tête du Groupe des fédérations industrielles (GFI). Le nom de Xavier Fontanet, PDG d'Essilor et membre du comité d'éthique du Medef est également souvent cité, tout comme celui de Geoffroy Roux de Bézieux, président de Virgin Mobil et de l'Unedic... Enfin, il n'est pas exclu que le président de l'UIMM lui même, Frédéric Saint Geours, se présente le moment venu.
jeudi 7 janvier 2010
L'offensive anti-Parisot en trois questions
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