TOUT EST DIT

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mercredi 18 novembre 2009

Ségolène Royal prête à tout pour récupérer son courant

Au quatrième jour, le bras de fer Royal-Peillon ne faiblit pas. Les protagonistes montrent leurs muscles et affirment leur détermination. Après le vaudeville de Dijon, samedi 14 novembre, et les échanges d'amabilités qui ont émaillé la fin du week-end, la querelle pour le contrôle du courant l'Espoir à gauche, fondé par les deux ex-associés au congrès de Reims, s'est déplacé sur les questions statutaires. Un terrain sans doute moins spectaculaire mais qui n'atténue en rien la violence de cette guérilla socialiste à ciel ouvert.
Invitée mardi 17 novembre de Canal+, Ségolène Royal a annoncé avoir confié "l'animation" du courant "l'Espoir à gauche" au trio formé par Jean-Louis Bianco, ancien ministre qualifié de "sage", Najat Belkacem et Gaëtan Gorce. "Je réunirai le mouvement après les élections régionales", a fait savoir la présidente de la région Poitou-Charentes qui venait de convoquer son conseil politique.

Cette annonce a fait immédiatement bondir Vincent Peillon, qui a accusé Mme Royal de se comporter "comme un ministre de l'intérieur qui limoge les préfets". "Nous n'allons pas nous laisser congédier. C'est d'ailleurs impossible car la direction du courant résulte statutairement du vote des militants", a-t-il fait valoir.

Comme les autres courants du parti socialiste (PS), l'Espoir à gauche n'a pas mis en place de structure interne. Ses représentants sont les responsables qui ont été élus, lors du congrès, dans les instances dirigeantes du PS : le conseil national et le bureau national au titre de la motion sur laquelle figuraient Ségolène Royal et Vincent Peillon. Or, au lendemain du congrès, les proches de Mme Royal se sont retrouvés minoritaires lorsqu'il s'est agi d'élire les membres de l'Espoir à gauche dans ces deux instances.

Dès lors, on voit mal comment l'ex-candidate à la présidence de la République pourrait décider de son propre chef de retirer à son ancien lieutenant la direction du courant. D'autant qu'il n'en est le leader que de manière informelle.

"DÉDRAMATISER"

Proche de la présidente de Poitou-Charentes, le député de la Nièvre, Gaétan Gorce, a tenté de "dédramatiser" la situation. "Nous avons été mandatés pour discuter avec Vincent Peillon afin de trouver un modus vivendi, des solutions et des règles claires dans la perspective d'une assemblée générale du courant après les régionales", a-t-il assuré.

Au-delà de la controverse qui oppose les deux parties sur le poids réel de leur force militante au sein de l'Espoir à gauche, Mme Royal estime disposer d'un droit moral sur le courant, bien qu'elle n'ait pas participé à ses activités depuis sa création, début 2009.

Selon elle, "un courant au PS, ça rassemble tous les militants qui ont voté pour un candidat au poste de premier secrétaire". Elle cherche à se poser comme le leader naturel de "tous ceux qui ont voté pour [elle] (…) puis qui [lui] ont donné 50 % peut-être un peu plus", lors de l'élection de la première secrétaire.

Conseillère générale du Rhône, Najat Belkacem explique qu'en s'invitant à Dijon, l'ex-candidate à l'élection présidentielle a voulu témoigner de sa "volonté profonde d'être avec les siens, puisque dans le fond, les militants qui composent ce courant ont d'abord été des soutiens de Ségolène Royal".

Mercredi matin, Vincent Peillon se déclarait conscient du "caractère catastrophique" de cette polémique sur l'image des socialistes. "Je ne peux pas la laisser ruiner ce que nous tentons de construire, ni lui laisser, politiquement, le dernier mot", ajoutait-il toutefois.

Les animateurs de l'Espoir à gauche réunis mardi soir sont d'avis d'organiser, "sans tarder", une consultation du "corps électoral le plus légitime, c'est-à-dire les délégués élus au titre de la motion Royal-Peillon lors du congrès".

Invitée mardi du journal de France 2, Martine Aubry s'est efforcée de minimiser ce qu'elle a qualifié de "petites bisbilles". "En entendant ces petites querelles, j'ai l'impression que les Français n'[y] ont rien compris", a commenté la première secrétaire du PS. Un après son arrivée à la tête du parti, Mme Aubry préfère incarner "les socialistes qui, aujourd'hui, travaillent".
Jean-Michel Normand

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