Le projet de réforme du lycée auquel le gouvernement met la dernière main prévoit une plus forte autonomie des établissements, des troncs communs en première pour les différentes séries et l'introduction de nouvelles spécialités en terminale.
La réforme du lycée entre dans la dernière ligne droite. Annoncée dans ses grandes lignes le 13 octobre dernier par Nicolas Sarkozy, elle fait actuellement l'objet de négociations entre le ministre de l'Education nationale, Luc Chatel, et les syndicats d'enseignants. Le texte final sera présenté en décembre, pour une application à la rentrée 2010 pour les classes de seconde. " Les Echos " dévoilent le projet de la rue de Grenelle.
Une seconde avec des options reconfigurées
Aujourd'hui, les élèves disposent de trois heures hebdomadaire " d'enseignement de détermination " : langue vivante 2, sciences économiques et sociales, langues anciennes, arts plastiques... Avec la réforme, la langue vivante 2 serait intégrée au tronc commun et les lycéens devraient opter pour deux " enseignements d'exploration " de 1h30 chacun, facilitant l'orientation. Si les contenus de ces enseignements restent encore à définir, ce changement aurait des conséquences non négligeables : certaines matières, enseignées jusqu'ici en " enseignement de détermination ", verraient mécaniquement leurs heures divisées par deux, passant de trois heures à 1h30. L'Association des professeurs de sciences économiques et sociales a dénoncé le projet du ministère, qui réduit selon elle l'enseignement de l'économie au rang de simple "accessoire".
Une première plus généraliste, une terminale plus spécialisée
Dans la future classe de première, environ 60 % des enseignements seraient dispensés en tronc commun. Les élèves de série scientifique, littéraire et économique seraient ainsi regroupés pour suivre leurs cours de français, de langues vivantes, d'histoire-géographie, d'éducation civique, d'EPS et l'accompagnement personnalisé. De quoi faciliter " l'acquisition d'une culture commune ", selon le ministère, mais aussi de rationaliser les classes, et de rendre la première moins spécialisée, et donc plus propice aux réorientations. La filière littéraire sera centrée sur l'apprentissage des langues, mais pas seulement. Un enseignement des " grands enjeux du monde contemporain " y sera introduit, tandis qu'un nouveau programme d'histoire géographie, plus " tourné vers la préparation à l'enseignement supérieur, sera mis en place en classe terminale ". L'année du Bac serait, elle, plus spécialisée, avec la mise en place de nouvelles spécialités : " informatique et société du numérique " en S ; sciences sociales, économie approfondie ou mathématiques appliquées en ES ; mathématiques appliquées, grands enjeux du monde contemporain, langues vivantes et langues anciennes et arts en L.
Une orientation réversible
Des stages passerelles d'une durée de deux semaines permettront aux élèves de première qui le souhaitent de changer de voie ou de série. Ils seront accordés sur décision du conseil de classe et assurés par des enseignants volontaires. Un tutorat sera assuré par des enseignants ou conseillers principaux d'éducation volontaires, afin d'accompagner l'élève tout au long de son parcours.
Deux heures d'accompagnement personnalisé
Deux heures d'accompagnement personnalisé seront dévolues à l'ensemble des élèves. Intégrée dans l'emploi du temps, cette plage horaire sera encadrée par les enseignants, qui recevront " dès 2010 une formation spécifique à l'utilisation de ce nouveau temps pédagogique ". Comme l'a confirmé jeudi Luc Chatel, l'utilisation de ces heures sera laissée au libre arbitre du conseil pédagogique de l'établissement. Celui-ci en définira notamment le contenu (soutien scolaire, perfectionnement, apprentissage de méthode de travail, aide à l'orientation)... Surtout, cette autonomie accrue des établissements devrait être étendue à l'ensemble des heures effectuées en groupe (modules, travaux personnels encadrés... ). Un texte réglementaire devrait ainsi venir préciser le rôle du conseil pédagogique, afin de lui donner plus de pouvoirs en la matière. De nouvelles marges de manoeuvres saluées par l'Unsa-SE et le Sgen CFDT, mais dénoncée par le Snes-FSU (majoritaire), qui veut un cadrage national du ministère. Autre inconnue : quelles disciplines verront leurs horaires diminuer ? Pour l'heure, la rue de Grenelle avance avec prudence, désireuse de ne pas heurter de front les lobby disciplinaires. Réponse au début du mois de décembre.
Maxime Amiot
samedi 14 novembre 2009
Réforme du lycée : le projet du gouvernement
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