TOUT EST DIT

TOUT EST DIT
ǝʇêʇ ɐן ɹns ǝɥɔɹɐɯ ǝɔuɐɹɟ ɐן ʇuǝɯɯoɔ ùO

samedi 14 novembre 2009

Pas facile pour Obama d'être commandant en chef

A l'aise sur la scène internationale comme sur les questions de politique intérieure, le président des Etats-Unis Barack Obama semble avoir plus de mal à appréhender les questions militaires.
La guerre et les tragédies rendent la vie difficile au président Obama. Amaigri, il admet sauter des repas et fait chaque jour l'apprentissage des défis d'une présidence en temps de guerre. Réforme du système de santé, loi sur le climat, mesures pour mettre fin à la récession... voilà de simples exercices intellectuels comparés à la lourde responsabilité d'être commandant en chef. Il y a deux semaines, Obama s'est rendu à la base de Dover, dans l'Etat du Delaware, pour assister, en pleine nuit, à l'arrivée d'un avion transportant les corps de soldats américains tombés au combat. Il a rencontré les familles des victimes. Puis, la semaine dernière, après la fusillade de Fort Hood, il a fait sa première visite en tant que président au Walter Reed Army Medical Center - l'établissement qui accueille les soldats blessés. Le 10 novembre, il s'est rendu sur la base de Fort Hood, au Texas, pour prendre la parole. Il a vu d'autres familles, d'autres soldats blessés. Et le deuil, omniprésent.

Le lendemain, le président a déposé une gerbe sur la tombe du soldat inconnu, au cimetière national d'Arlington, et a parlé aux familles venues se recueillir sur les tombes de leurs proches, morts en Irak ou en Afghanistan. Il est ensuite rentré à la Maison-Blanche pour assister à un nouveau conseil de guerre et décider de l'envoi de troupes supplémentaires en Afghanistan. "Vu de l'extérieur, j'ai l'impression qu'Obama commence à prendre conscience de ce que cela signifie d'être un président en temps de guerre", souligne Eliot Cohen, ancien fonctionnaire de l'administration Bush. "Depuis la mi-septembre, la Maison-Blanche cherche à mettre l'accent sur son rôle de commandant en chef", estime, pour sa part, Peter Feaver, professeur de sciences politiques à l'université Duke, qui a travaillé pour les administrations Clinton et Bush. Il souligne que les nouveaux présidents ont souvent des difficultés avec cet aspect de leur mandat. "Le rôle de commandant en chef nécessite une implication totale, et pas seulement intellectuelle, souligne Peter Feaver. C'est très dur émotionnellement. Il n'est pas facile d'ordonner à des femmes et des hommes de risquer leurs vies. Il faut beaucoup de courage moral et de stabilité émotionnelle. Cela n'a rien à voir avec la stratégie politique."

On a souvent comparé le charisme politique d'Obama à celui de John F. Kennedy mais, jusqu'à présent, son mandat ressemble plus à celui du successeur de Kennedy, Lyndon G. Johnson : un agenda national ambitieux doublé d'une guerre de plus en plus épineuse. Pour compliquer encore plus la situation, l'envoi de troupes supplémentaires en Afghanistan pourrait métamorphoser les ennemis jurés de ses politiques nationales en alliés de taille pour vendre sa guerre à des Américains désormais sceptiques. "S'il prend cette décision, l'Afghanistan deviendra véritablement SA guerre, et il enverra d'autres jeunes hommes et jeunes femmes à la mort. Il le savait peut-être déjà avant, mais je pense qu'il commence à le ressentir au plus profond de lui-même", affirme Eliot Cohen. Selon certains de ses détracteurs, Obama ne comprend pas le langage de la guerre et parle plus souvent de sacrifice que de victoire militaire.

Au cours des derniers jours, le président américain a eu tout le loisir de manier le genre de rhétorique qui convient à un dirigeant en temps de guerre. A Fort Hood, son discours était truffé de références au courage, à la bravoure et à la combativité. Obama est maintenant en train d'élaborer une nouvelle stratégie en considérant quatre options différentes. "Il redouble d'efforts pour régler le problème, et il fait preuve d'un degré de scepticisme et d'analyse qui semblaient manquer à son prédécesseur", affirme Richard Kohn, professeur d'histoire militaire à l'université de Caroline du Nord. Faux, réplique Eliot Cohen. Obama hésite. Quoi qu'il fasse, Obama essuiera les critiques de ceux qui croient détenir la solution. Les faucons diront qu'il fait trop de compromis et qu'il n'a pas le cran d'aller jusqu'au bout, et les partisans de la paix, qu'il les abandonne après avoir fait campagne contre la guerre. Mais même ceux qui ne sont pas d'accord avec les politiques du président ne pourront que reconnaître qu'il réfléchit bien avant de prendre une décision, qu'il lit attentivement les documents qu'on lui soumet et qu'il étudie les leçons de l'histoire.

0 commentaires: