TOUT EST DIT

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samedi 14 novembre 2009

L’UE un peu raide au développement

Réunis vendredi à Bruxelles pour discuter de l’enveloppe allouée à la lutte contre le réchauffement climatique dans les pays du Sud, les Vingt-Sept se sont montré avares. Et refusent d’avancer un chiffre.

«Aucun pays ne veut payer pour Copenhague», lance Mikolaj Dowgielewicz, le ministre polonais des Affaires européennes. «Vous connaissez un Chinois qui veut payer ? Il n’y a que l’Union qui veut payer» pour lutter contre le changement climatique. En réalité, les deux jours du Conseil européen des chefs d’Etat et de gouvernement qui s’est achevé vendredi ont montré que désormais l’UE voulait payer le moins possible. La crise est passée par là. L’Union ne passera à la caisse et n’aidera les Etats les plus pauvres que si les autres pays riches en font autant. «Nous ne devons pas sombrer dans la naïveté. Ce que nous faisons n’est pas un chèque en blanc. Nous n’agirons que si, en face, il y a des engagements», a tenté de justifier le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso.

«poker». Le leadership européen dans cette affaire a pris un sérieux coup. «C’est un résultat calamiteux pour le climat», se sont désolés les Verts européens. Pourtant, l’UE assure depuis des mois qu’elle prendra «une juste part» au financement de la lutte climatique. La Commission a chiffré à 100 milliards d’euros par an, entre 2013 et 2020, l’aide mondiale que devraient recevoir les pays en développement pour adapter leur économie en réduisant leurs émissions de CO2. La part des financements publics étant estimée entre 22 et 50 milliards d’euros. Le reste provenant de leur propre budget, de financements privés et du marché des quotas de carbone. Quant à l’Union, elle devrait s’acquitter, selon Bruxelles, d’une facture comprise entre 2 et 15 milliards d’euros par an.

La présidence suédoise de l’Union, très active dans cette affaire, a rédigé un projet de conclusions reprenant ces estimations. Pour Stockholm, soutenu par le Danemark et le Royaume-Uni, la Belgique et les Pays-Bas, l’absence de chiffres obérerait sérieusement les chances d’un succès au sommet de Copenhague. Mais, dès jeudi soir, la majorité des Etats membres s’est prononcée contre tout chiffrage de l’aide européenne. «La chancelière allemande, Angela Merkel, a clairement dit qu’elle ne voulait pas de chiffre», raconte un diplomate d’un petit pays. Le ton est sans appel. Elle reçoit immédiatement le soutien de l’Italie, Silvio Berlusconi ayant toujours douté de la réalité du changement climatique, et, surprise… de la France. Officiellement, pour une question de tactique : ce serait une erreur, fait-on valoir côté français, de mettre les cartes sur la table dès le début de la négociation internationale. «C’est surtout une stratégie de joueurs de poker qui espèrent ainsi payer le moins possible», se confie la coprésidente des eurodéputés verts, l’Allemande Rebecca Harms.

L’autre gros point de désaccord a porté sur la répartition du fardeau entre les pays européens, ce qui explique aussi l’absence de chiffrage. L’Union défend l’idée d’un partage du financement se basant principalement sur les émissions de CO2, tempéré par un critère prenant en compte la richesse. Et pour cause. La Commission s’est livrée à une étude sur les différentes possibilités de répartition, en prenant comme hypothèse une contribution de l’UE de 10 milliards d’euros. Résultats : la participation de la France serait de 209 millions d’euros pour une clé de répartition 25% PIB (richesse) et 75% émissions de CO2 alors qu’elle serait de 474 millions sur la seule base du PIB. Celle de l’Allemagne passerait de 312 millions à 607 millions. Inacceptable pour les pays de l’Est, emmenés par la Pologne, dépendant du charbon.

«réalistes». Le projet de conclusions ne tranchait pas cette délicate question. Il se contentait de préciser que l’Union veillera à ce qu’il n’y ait pas une charge disproportionnée pour les moins riches, renvoyant à l’après-Copenhague les modalités du partage interne. Cette rédaction a fait bondir les pays de l’Est qui, depuis le départ, réclament de savoir, «bien avant Copenhague», à quelle sauce ils seront mangés. «Nous ne sommes pas encore prêts», a reconnu le Premier ministre suédois Frederik Reinfeldt. Une manière diplomatique de dire que le blocage est total.

Les négociations bilatérales, menées vendredi matin entre la présidence de l’UE et les pays récalcitrants, n’ont pas permis de trouver un compromis. Au final, aucun chiffre sur l’effort financier européen à l’égard des plus pauvres ne figure dans les conclusions, et la répartition interne est renvoyée à un groupe de travail. «Nous sommes devenus des réalistes, a reconnu Merkel. Maintenant, on parle de se mettre d’accord sur un cadre politique» à Copenhague…

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