TOUT EST DIT

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jeudi 19 novembre 2009

PS: Razzy Hammadi et le parachute plombé

Razzy Hammadi tente de façon cavalière de décrocher une place aux régionales en PACA. Mais ce proche de Benoît Hamon n’y a pas que des amis. Courriers assassins à Solférino, chèques et documents comptables, c’est le grand déballage ! Une histoire qui dessine, en creux, tous les maux du Parti socialiste…

Le PS n’est qu’amour. Plus encore à l’heure de la désignation des candidats pour les régionales. Demandez à son secrétaire national aux Services publics, Razzy Hammadi. À l’occasion des élections européennes de juin dernier, ce proche de Benoît Hamon avait tenté, en vain, de décrocher une place en Paca. Une région qu’il connaît bien : il est né à Toulon, y a fait ses premiers pas comme militant et a dirigé à partir de 2003 et ce, pendant quelques mois, la section socialiste de la ville. Mais voilà qu’il essaie de remettre ça pour les élections régionales. Sauf que, cette fois, l’heure n’est plus à la simple levée de boucliers de la part des responsables socialistes locaux, mais au déballage de « dossiers » et à l’envoi de courriers assassins au siège du parti !
Tout a commencé il y a quelques jours. Les militants varois de la motion Hamon se réunissent pour désigner celui d'entre eux qui figurera sur la liste emmenée par Michel Vauzelle, le président sortant de la région. Le leader varois de cette motion, le « mandataire » comme on dit au PS, n’est pas présent à cette réunion. Et pour cause : il a été démis de ses fonctions de mandataire de la motion C par un simple coup de téléphone ! Son nom ? Marc Vuillemot. Malgré son absence, le vote a lieu et Razzy Hammadi remporte la mise.
Le hic, c’est que ce dernier n’a pas laissé que de très bons souvenirs dans le Var et que son retour est vécu comme un parachutage. Second hic : Marc Vuillemot n’est autre que le maire de La Seyne, la plus grosse commune aux mains de la gauche de toute la région Paca. Ce qui fait de lui le candidat naturel des socialistes dans le Var. C’est en tout cas ce que pensent la plupart des caciques locaux du PS, toutes tendances confondues.

«Razzy Hammadi use de méthodes d’un autre temps»



À l’image par exemple de Mireille Peirano, la Première secrétaire de la fédération du Var. Elle qui n’est pourtant pas du même courant que Marc Vuillemot s’est fendue d’une lettre à Martine Aubry pour défendre sa cause. Et enfoncer Razzy Hammadi : « J'ai reçu avec beaucoup d'étonnement la candidature de Razzy Hammadi pour la liste des régionales, écrit-elle, Il me semble que ce garçon est adhérent à la section d'Orly depuis sa brillante prestation aux élections municipales. Je n'ai malheureusement pas de place pour lui sur cette liste. Il revendique celle que nous avons réservée au maire de La Seyne, ville arrachée à la droite par notre candidat socialiste, Marc Vuillemot. Je ne pense pas qu'il soit plus légitime sur cette liste que le maire de la plus grande ville de gauche de la région PACA. De plus, il use de méthodes d'un autre temps, d'un temps où l’on pouvait jeter un militant socialiste pour faire une place à un opportuniste en quête de mandat. C'était le temps d'avant la rénovation du PS, non ? »

Contactée, la responsable socialiste varoise ne retire rien de ce qu’elle a couché sur le papier à l’attention de la patronne du PS et ajoute qu’aujourd’hui la candidature de Razzy Hammadi ne serait « plus d’actualité ». Elle aurait eu « l’assurance », dit-elle, « de la part du cabinet de Michel Vauzelle » qu’il ne figurerait pas sur la liste.

Ce que croit savoir aussi un proche du président de région sortant. Quid de Solférino ? « Je ne sais pas, explique-t-elle, mais vu les grands discours sur la rénovation, je ne crois pas qu’ils oseront nous l’imposer. » Un début de réponse devrait tomber dès aujourd’hui : les noms des candidats socialistes dans le Var doivent être entérinés ce jeudi par les représentants des différentes motions. Suivra, la semaine prochaine, le vote du Conseil fédéral et, début décembre, celui des militants. Quelques jours plus tard, la Commission nationale tranchera.

«Les affaires toulonnaises et orlysiennes»?

Sans doute la Commission nationale aura-t-elle une autre lettre à l’esprit. Martine Aubry a en effet eu droit à une missive qui, elle, se fait beaucoup plus menaçante que celle de Mireille Peirano. Celle-ci est signée du nom de Chahid Dhaouadi, « membre du conseil fédéral varois ». Par le passé, Chahid Dhaouadi a milité aux côtés de Razzy Hammadi dans le Var. Et en 2008, lorsque ce dernier avait été parachuté à Orly, il est de ceux qui l’avaient suivi. Avec perte et fracas. C’est ce qu’il explique dans ce courrier : « Ayant côtoyé de très près Razzy Hammadi en 2008 cela m’a valu d’être entendu et mis en examen par le procureur de la République Jean-Jacques Bosc pour l’affaire des inscriptions frauduleuses sur les listes électorales. Bien évidemment à ce moment-là, la solidarité et l’image de notre parti était à mes yeux une priorité. »

« À ce moment-là » ? La formule n’est peut-être pas assez explicite. Alors après avoir minutieusement taillé un short à Razzy Hammadi, il conclut son parcours en déclarant sans détour : « Nous espérons sincèrement que des mesures seront prises au plus tôt afin de résoudre ce grave malaise, et de ramener une certaine sérénité au sein de notre parti. Dans le cas contraire, je me réserve le droit de porter mes connaissances sur les affaires toulonnaises et orlysiennes du personnage sur la place publique avec toutes les conséquences qui en découleront pour l’image de notre famille politique notamment. » Bonne ambiance et franche camaraderie…

«Ta responsabilité en tant que premier secrétaire est mise en cause»

Mais que Chahid Dhaouadi passe à l’acte ou pas, dans le Var, le grand déballage a déjà largement commencé. Des documents comptables de la section PS de Toulon sous l’ère Razzy Hammadi circulent dans le landerneau. Le premier est un courrier signé du trésorier de la section de l’époque, Roger Blanc, adressé à Razzy Hammadi : « A compter du 1er juillet [2003], écrit-il, il y a eu une dérive financière où ta responsabilité en tant que premier secrétaire est mise en cause. »

Plus loin, il précise : « Un constat s’impose, il manque un très grand nombre de chèques (…). J’ai également constaté que tu avais confondu les comptes de la section de Toulon avec ceux [du Mouvement des Jeunes socialistes] (…). Depuis, des versements viennent d’être faits sur le compte de la section, sans que je connaisse l’origine des personnes qui ont effectué ces versements (…). Je t’ai indiqué que l’argent qui était sur le compte appartenait aux adhérents. Son utilisation doit servir exclusivement à la vie de la section et non à financer autre chose. Tu as eu un comportement d’irresponsable et ne pouvant plus te faire confiance je te demande d’en tirer les conclusions nécessaires pour ne pas mettre en péril l’avenir de la section de Toulon. »



Deux autres documents (ci-dessus) viennent en effet attester que de l’argent de la section PS de Toulon a servi à payer des dépenses du Mouvement des jeunes socialistes. Il s’agit de deux listes de chèques émis par la section pour un montant total flirtant avec les 3 000 euros. Ces documents à en-tête du MJS 83 et certifié par un animateur fédéral du MJS de l'époque précisent que cette somme a été remboursée à la section.

Là où l’affaire se corse c’est que parmi les chèques mentionnés, deux d’entre eux (ci-contre) ont en fait été rédigés à l’ordre de Razzy Hammadi. En clair, le MJS 83 a remboursé à la section de Toulon deux chèques qui, semble-t-il, ont été établis et encaissés par Hammadi. Montants : 750 et 780 euros. Une peccadille, certes, mais tout ça fait désordre. D’autant plus qu’un troisième chèque d’une valeur de 150 euros environ a été rédigé à l’ordre de Faouzia Hammadi, la mère de Razzy !


Malgré tout, personne dans le Var ne veut voir derrière ces histoires et ces documents qui circulent une tentative d’enrichissement personnel. Les rares qui soutiennent Razzy Hammadi comme ceux qui ne le portent pas dans leur cœur. Des « erreurs de jeunesse, rien de plus », lâche par exemple un cacique local, « Les MJS avait un déplacement à faire ? Razzy dégainait le chéquier de la section de Toulon et payait avec ! Il a géré l’argent de la section de Toulon comme s’il était à la tête d’une MJC ! » MJS, MJC, c’est vrai, on ne va pas chipoter pour un phonème... Dans cette affaire tout est pathétique : le parachuté comme ceux qui le dénoncent, la délation comme le fonctionnement.

«Toulon, ça reste chez moi»

Le principal intéressé par cette affaire, lui, que dit-il ? Commençons par sa tentative de « parachutage » dans le Var. Razzy Hammadi ne la vit pas de la sorte : « Je suis né à Toulon, j’ai grandi à Toulon, explique-t-il, En 2005, en 2006, en 2007, j’ai essayé de revenir dans ma section. Toulon, ça reste chez moi. » En tout cas, à l’en croire, la préfecture du Var est plus « chez lui » que ne l’a jamais été Orly où il a tenté l’aventure des élections municipales. Une aventure qui s’est soldée par un cuisant échec : « Il faut le reconnaître, c’était une erreur, une grosse connerie même que de débarquer dans une ville qui, à deux-trois détails près, au mois de novembre, ressemble à Stalingrad ! » Et de revenir sur l’affaire des inscriptions sur les listes électorales évoquées par Chahid Dhaouadi : « Ça a été classé sans suite. Inévitablement. Ce n’était que du vent. Il n’y avait rien de plus naturel que des gens qui m’étaient proches veuillent s’engager avec moi à Orly. » D’ailleurs ce courrier cité précédemment, il le juge avec dédain : « En ce moment, il doit y avoir une cinquantaine de lettres chaque semaine qui arrivent sur le bureau de Martine Aubry pour dire du mal de l’un ou de l’autre… »


Quant au maire de La Seyne, Marc Vuillemot, il explique ne pas vouloir l’éclipser. Même s’il précise avoir été élu par ses camarades de la motion C « à la majorité absolue », il assure que « la priorité reste l’intérêt général » : « Il y a de la place pour tout le monde. Ce que Marc Vuillemot a fait en prenant la ville de La Seyne n’était pas évident. Il a une légitimité. Je ne suis pas le jeune débarqué de Paris avec de longues dents et qui dit : “pousse-toi de là que j’my mette” ».


Reste la délicate question des chèques datant de la période où il dirigeait la section de Toulon : « C’est vieux. Ça date de six-sept ans maintenant. Il y avait trois dépenses qui, au final, m’étaient principalement reprochées. Dedans, il y avait la location d’une salle, un plein d’essence et une facture de téléphone. À l’époque j’étais permanent du MJS. Je devais gagner dans les 1 000 euros. Je suis allé à ma banque et j’ai fait un prêt. Tout a été réglé. Pour ce qui est du chèque à l’ordre de ma mère, ça correspondait à une facture de mon portable. C’est elle qui l’avait payée. »

Des élections internes supposées truquées aux petits ergotages de comptabilité, au parti socialiste, les affaires se succèdent et se ressemblent : mesquines un jour, mesquines toujours. Décidément, le pire ennemi du PS, c'est bien le PS lui-même !

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