vendredi 22 novembre 2013
Rien ne les arrête : passage en revue des nouveaux impôts que prépare le PS
Dans l'œil des marchés : Jean-Jacques Netter, vice-président de l'Institut des Libertés, dresse, chaque mardi, un panorama de ce qu'écrivent les analystes financiers et politiques les plus en vue du marché.
Depuis des mois nous assistons à un Concours Lépine en matière de fiscalité : on augmente, on refiscalise, on dérembours
e, on introduit une décote, on supprime, on module, on gèle… Plusieurs mauvaises décisions ont déjà eu des effets très négatifs pour l’économie française et pour la création d’emplois. L’automne est meurtrier pour les entreprises françaises. Les faillites atteignent un niveau record : près de 13000 sociétés ont déposé le bilan au troisième trimestre, du jamais vu depuis 1993 !
L’imposition à 75% des revenus de plus d’1 M€ se révèle être dans la réalité une fiscalité spoliatrice à l’égard de ceux qui font la vitalité de notre tissu économique. Certaines entreprises ont du mal à garder leurs talents. Il faudra peut-être un jour remercier les clubs de football qui sont en train d’expliquer au grand public que l’on ne peut demander à des clubs d’être compétitifs sur le plan mondial et leur faire subir en même temps un véritable matraquage fiscal. Un club de football, cela peut mourir et voir ses meilleurs joueurs partir à l’étranger. C’est tout simplement comme une entreprise…
La taxation du capital à la même hauteur que le travail est une véritable ânerie. Celui qui investit de l’épargne qui a déjà payé l’impôt et qui peut tout perdre ne peut être fiscalisé au même niveau que le salarié qui est sûr d’être payé à la fin du mois et n’a pris aucun risque. L’alignement de la taxation des revenus du capital sur les revenus du travail entraine déjà une baisse sensible des investissements en France…
La taxation des dividendes à 3% est une autre erreur. Les sociétés réalisant plus de 50 millions de chiffre d’affaires et employant plus de 250 salariés devraient se voir imposer une taxe de 3% sur les dividendes qu’elles versent à leurs actionnaires. Encore une grave erreur économique..
La taxe sur l’excédent brute d’exploitation était une initiative idiote, dont n’importe quel chef d’entreprise pouvait dire qu’elle pénaliserait l’investissement. Dans une administration comprenant de nombreux énarques et polytechniciens brillants, on aurait du trouver des intelligences capables de voir l’idiotie et de la dire. Cela n’a malheureusement pas été le cas…
Au Parti Socialiste, la créativité est permanente. Tout député, pour reprendre la formule d’Andy Warhol, peut avoir facilement son quart d’heure de célébrité en proposant un nouvel impôt stupide.
Yann Galut, député PS, propose une taxation des revenus des exilés. Lui qui a travaillé sur l’exil fiscal assure que “rien ne démontre une augmentation du phénomène d’émigration fiscale, car il n’y a pas d’instrument pour qualifier et quantifier l’exil fiscal”. Cela ne l’empêche pas de proposer de taxer les exilés fiscaux sur la base de “la fiction de la résidence continuée” (sic). La taxe viserait à “imposer les revenus des exilés comme ceux des résidents pendant les dix années suivant leur transfert à l’étranger”. Dans sa grande sagesse, Bercy a répondu que vu la complexité de la chose, la mesure n’était pas envisageable pour le moment…
Gérard Bapt, député PS, a eu l’idée d’une taxe sur les boissons énergisantes. Il s’agit de taxer les ventes de Red Bull et autres…Pour lui, "cette nouvelle taxe est conçue non pas dans une visée de recette mais à visée comportementale". Comme un rééducateur du peuple n’est jamais isolé, la ministre de la Santé Marisol Touraine a ajouté que "la fiscalité comportementale n’était pas le seul instrument des politiques de santé publique". On est en présence de gens qui veulent rectifier le comportement de citoyens adultes qu’ils jugent eux mêmes déviants…
Dominique Raimbourg, député PS, c’est une nouveauté, a inventé le concept de l’impôt sur l’impôt, en imaginant une taxe sur les droits de mutation. Ce nouveau prélèvement serait destiné à financer l’aide juridictionnelle !
Pour être tout à fait sûr d’achever l’économie française et de la sortir définitivement de la compétition mondiale, il ne reste plus qu’à mettre en place ce que François Lenglet, du Point, a appelé "l’extrême ponction" :
La proposition de Thomas Piketty, économiste dans "Pour une révolution fiscale…" : un impôt supplémentaire pour les propriétaires de logement, au prétexte que ne payant pas de loyers ils touchent l’équivalent d’un revenu, lequel doit être soumis à l’impôt !
Dans la foulée, il propose avec Philippe Van Parijs, fondateur du "No-Bullshit Marxism Group", la mise place d’un revenu d’existence. Ce serait une sorte de RMI donné à tout le monde sans conditions de ressources !
La proposition de supertaxe sur la capital, inspirée des travaux de Barry Eichengreen, économiste américain et Stefan Bach, économiste allemand. Elle consisterait à taxer de 10% l’ensemble de l’épargne des ménages pour éponger le déficit de l’Etat…
La cacophonie est telle sur le plan fiscal, que même Christian Noyer, gouverneur de la Banque de France, s’est autorisé à sortir de sa réserve pour expliquer dans le Financial Times que la taxe sur les transactions financières était un projet trop risqué pour les pays qui l’appliqueraient. Cela provoquerait selon lui une baisse de la liquidité sur les marchés et de graves pertes d’emploi. Ambiance….
En Europe, une correction des marchés devrait se produire autour de la fin de l’année selon Christopher Potts, le stratégiste de Kepler Cheuvreux. La croissance meilleure que prévue ne se répercute plus selon lui, dans les résultats des entreprises.
L’Europe périphérique devient le concept d’investissement à la mode. En Espagne, la compétitivité retrouvée du pays permet aux exportations de progresser. C’est la fin de la récession mais pas la fin de la crise. Pour saluer les efforts effectués, l’agence de notation Fitch a relevé la note de l’Espagne. En Italie, on a le sentiment que le pire est vraiment derrière. Le commerce extérieur et la balance des paiements courants sont de nouveau excédentaires. Quand on regarde le comportement de leurs marchés respectifs, les deux places avancent en tandem. Parmi les valeurs les plus achetées par les investisseurs, on trouve pour l’Espagne notamment : BBVA, Iberdrola, Repsol, Sacyr et Telefonica ; et pour l’Italie : Ansaldo, Enel, Fiat, Intesa San Paolo, Mediobanca, Unicredit.
Aux Etats-Unis, le dollar faible ne devrait pas mettre fin à la pagaille monétaire.
La création d’emploi par le secteur privé, la seule qui compte, est au plus bas depuis le mois de mai. Le Citigroup Economic Surprise Index est en fort recul. C’est la raison pour laquelle Chris Wood, le stratégiste de CLSA, pense que la première décision de Janet Yellen qui succédera à Ben Bernanke à la tête de la Federal Reserve, ne sera pas de réduire ses interventions mais de les augmenter ! Le problème reste donc posé de savoir si les marchés salueront cette nouvelle "injection de morphine" ou commenceront à penser que personne ne sait vraiment comment sortir de l’expérience monétaire que nous sommes en train de vivre. Il s’agit de ZIRP (Zero Interest Rate Policy) + QE (Quantitative Easing)…
Plusieurs signes ne sont pas encourageants : les introductions en bourse se multiplient comme en 1999 et les hedge funds ont été vendeurs d’actions dans des proportions comparables à celles précédant la chute des marchés en 2008. Andrew Garthwaite, le stratégiste de Crédit Suisse, estime qu’il faut maintenant diminuer l’exposition sur le marché américain. Michael Hartnett, de Bank of America Merrill Lynch, redit que plus on mettra de temps à normaliser les interventions de la Fed, plus les risques de bulles spéculatives seront importants…
Au Japon, la TVA augmentera de 5 à 8% en avril, moment où les salaires devraient commencer à augmenter. Les prix de l’immobilier au augmenté de 22% en un an.
Plusieurs sociétés ont annoncé des résultats décevants notamment Cummins, Goodyearou Michelin, pénalisés par les changes, ou encore Kuka, le numéro un de la robotique allemande, qui souffre de la baisse du Yen. Il vient d’ailleurs d’être recommandé à la vente par Warburg.
Les bonnes surprises sont plus rares. Geberit, le fabricant de toilettes suisses, a sorti de très bons résultats. Le marché américain des toilettes s’est complètement restructuré ces dernières années. Il reste Kohler (24% de part de marché); American Standard (18% du capital contrôlé par le japonais Lixil Corp ); Toto (9% la Rolls Royce des toilettes japonaises);Mansfield Plumbing Products (8% contrôlé par Organizacio Corona en Colombie). Pendant ce temps, un groupe de technocrates bruxellois a rédigé un rapport de 444 pages réalisant une étude minutieuse des toilettes urinoirs de la Communauté Européenne pour réduire la consommation d’eau dans les chasse d’eau. Cela a coûté 89 300€. On est vraiment heureux de savoir que les fonctionnaires de la Communauté Européenne se penchent sur les problèmes importants…
Les sociétés qui rachètent leurs propres titres font partie des thèmes les plus performants du marché américain. Parmi les valeurs qui figurent sur la dernière liste de Goldman Sachs figurent notamment : Northtrop Gruman, Western Digital, Coca Cola Enterprises, Marathon Petroleum, L Brands (Victoria Secret), Yahoo et Pfizer.
Les fusions acquisitions se multiplient, c’est la raison pour laquelle le Crédit Suisse a sorti un tracker des valeurs les plus susceptibles de faire l’objet d’une opération. Parmi les valeurs françaises figurent Alcatel Lucent et Arkema ; parmi les valeurs anglaises figurentBurberry, Sage, Spectris ; parmi les valeurs allemandes figurent Dialog et parmi les valeurs suisses figurent Sonova et Straumann.
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