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vendredi 22 novembre 2013

La grande illusion Kennedy


La grande illusion Kennedy

Vivant, Kennedy séduisait. Mort, il a pris la dimension d’un mythe. À Dallas, l’Amérique a perdu bien plus qu’un président. Elle a dit adieu à une forme d’optimisme et de croyance en un avenir meilleur. Les Américains ne furent pas seuls à subir cette perte. Aujourd’hui encore, les contemporains du drame se rappellent ce qu’ils faisaient lorsqu’ils encaissèrent le choc.
Kennedy succédait à de vieux présidents. Eisenhower était l’homme du Débarquement de 1944. Il était d’un autre temps. L’Amérique de 1960 aspirait à tourner la page d’un siècle douloureux. Kennedy a fait rêver ses compatriotes, y compris en leur promettant la Lune. Sa nouvelle frontière a séduit la génération de l’après-guerre. Son sourire, sa famille, sa vie étaient aussi clinquants qu’un pare-chocs de Cadillac. En un mot comme en cent, il était jeune. De Gaulle, Churchill étaient de grands hommes, mais ils étaient vieux, gris, tristes. Surtout, ils étaient le souvenir vivant de l’horreur du monde des parents.
Dallas a sonné le glas de cette insouciance. On ne l’a pas su tout de suite. Pourtant, très vite, la statue de l’idole a été érodée par les révélations, les critiques. Pêle-mêle, la Baie des Cochons, l’affaire Marylin, les amitiés douteuses avec des mafieux, le passé du père ont éclaboussé sa légende. La vie de l’idole est sortie ternie par cette grande lessive.
À peine le sang de Dallas avait-il séché que les boys sont partis en masse au Vietnam. La guitare électrique était remplacée par les rotors des hélicos. Puis vint le temps des contestataires. Une nuit de juillet 69, les Américains décrochèrent la Lune. Kennedy avait gagné, au-delà de la mort. Mais les Trente Glorieuses n’avaient plus que quelques années à vivre.
Un demi-siècle après sa mort, Kennedy hante toujours la planète. Ses succès comme ses turpitudes passionnent. Il fut le dernier président américain qui fit croire à ses compatriotes que tout était possible. Sa mort, nul ne pouvait alors le prévoir, mettait fin à notre croyance en un monde sans limite, où tout est possible. À l’heure de la survie planétaire, JFK redevient plus que jamais ce qu’il fut : une grande illusion. La nôtre.

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