TOUT EST DIT

TOUT EST DIT
ǝʇêʇ ɐן ɹns ǝɥɔɹɐɯ ǝɔuɐɹɟ ɐן ʇuǝɯɯoɔ ùO

vendredi 22 novembre 2013

Le « choc fiscal » selon Ayrault

Le « choc fiscal » selon Ayrault


On ne parle plus que de ça. L’Etat socialiste aux abois devant le ras-le-bol fiscal – des familles de modeste classe moyenne qui se sentent impuissantes et menacées, aux plus riches qui peuvent bien plus facilement aller ailleurs en emportant avec eux leurs richesses – a sorti de son chapeau une « remise à plat de la fiscalité ». Elle sonnerait presque bien sur le papier dans un pays où la complexité de l’imposition et des prélèvements obligatoires est une réalité. Mais l’« initiative » de Jean-Marc Ayrault, aussitôt approuvée par François Hollande, à telle enseigne qu’on devine de la part du Président et du Premier ministre une gestion de crise d’extrême urgence destinée à désamorcer la colère sociale, n’a qu’un objectif qui disqualifie d’emblée le projet : répartir autrement une pression fiscale devenue insupportable.
Autrement dit, faire miroiter à son électorat naturel l’espoir de voir certaines charges qui aujourd’hui explosent migrer vers d’autres assiettes. Du point de vue socialiste, il y a là sans doute une grosse manœuvre tactique : préserver le réservoir électoral des populations d’origine étrangère qui, souvent « défavorisées » (on nous le dit assez !) ont tout intérêt à voir préservé le niveau de dépenses de l’Etat et qui savent l’exprimer dans les urnes ; mais aussi séduire de nouveau les ouvriers, employés, gens de petits moyens aux prises avec l’incapacité de l’Etat à assurer ses fonctions régaliennes et qui se tournent vers ce qu’ils perçoivent comme des votes « contre le système ».
La manœuvre a ses limites, aussi : le PS est aujourd’hui un parti de riches – voyez Paris de plus en plus boboïsé et de plus en plus à gauche – qui n’aiment pas davantage signer des chèques au Trésor que les autres.
La grande mise à plat selon Ayrault n’annonce, on peut le dire avec certitude, rien de bon, même dans son état de flou actuel et même si, prudent, le Premier annonce qu’il faudra plusieurs années pour qu’on arrive à quelque chose de cohérent : « jusqu’à la fin du quinquennat », a-t-il prévenu. En butte à une insatisfaction spectaculaire, presque aussi importante que celle dont François Hollande fait l’objet, Ayrault et son compère de l’Elysée lancent là un avertissement qui, en lui-même, a de quoi miner la confiance économique : ils n’ont pas l’intention de s’en aller.
Plusieurs mesures sont déjà à prévoir. Le prélèvement de l’impôt à la source est un bien vieux rêve du pouvoir mais il faudra soit oser doubler les contributions sur une année, pour récupérer à la fois les sommes dues sur les revenus de l’année précédente et celles de l’année en cours, soit renoncer à un an de prélèvements – impensable !
La fusion de la CSG et de l’impôt sur le revenu est une autre piste certaine, couplée avec une protection des revenus les plus faibles ; ce qui annonce évidemment des prélèvements encore plus lourds sur les classes moyennes et supérieures sans, probablement, que la composition familiale soit prise en compte.
Et nul n’ose vraiment dire l’injustice de cette progressivité de l’impôt, qui décourage l’initiative, offre une prime à ceux qui se démènent le moins, et chasse les plus libres de s’en aller. On oublie trop de rappeler que l’impôt progressif était au nombre des dix exigences du Manifeste de Karl Marx. Aujourd’hui que 8 000 foyers paient déjà plus de 100 % de leurs revenus en impôts, la réforme Ayrault apparaît comme une gigantesque opération de matraquage supplémentaire.
A quoi s’ajoute d’ailleurs la fameuse « mise à plat » de la fiscalité locale déjà évoquée par le Premier ministre dans le cadre de son « choc » qui s’annonce tout sauf positif.
On peut se demander aussi, dans un contexte de hausses multiples rétroactives, absolument sans complexes, de la taxation de l’épargne, du démantèlement des justes avantages familiaux et d’une augmentation des dépenses « idéologiques » – pour l’Education nationale notamment – pourquoi l’Etat Hollande ne s’en prendra pas aux déductions fiscales pour les dons aux associations.
En rebattant les cartes de l’impôt, il n’a certes pas pour objectif de préserver et étendre les libertés. Ça se saurait !

0 commentaires: