TOUT EST DIT

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vendredi 22 novembre 2013

Le pire est encore à venir

Le pire est encore à venir


François Hollande, qui promettait la reprise et l’inversion de la courbe du chômage, va devoir gérer une année 2014 bien plus mauvaise que prévu.
Winston Churchill aimait à dire que « s’occuper des choses les plus sérieuses du monde n’est possible qu’à condition de comprendre aussi les choses les plus dérisoires ». Ce que d’autres résument avec la traditionnelle formule selon laquelle « le diable est dans les détails ». Justement, ce sont toutes ces gouttes d’eau faisant déborder le vase trop plein du ras-le-bol fiscal qui ont créé le climat délétère dans lequel baigne aujourd’hui la France. Mais quand la coupure entre le peuple et ceux qui sont censés le représenter est profonde à ce point, toutes les marges de manoeuvre dévolues à une majorité qui a tous les pouvoirs disparaissent, s’évanouissent et entraînent l’évaporation de la confiance des Français.
Que l’on ne s’y trompe pas : le mouvement des “bonnets rouges” ne va pas s’arrêter là. L’exaspération est telle en Bretagne, chez les agriculteurs, les pêcheurs ou les routiers, que la journée du 30 novembre risque d’être très difficile à vivre pour le gouvernement. Le mouvement des camionneurs et celui des ambulanciers viennent se greffer là-dessus. Les opérations escargots de chauffeurs vont se multiplier pour déboucher sur une possible paralysie des grands axes routiers. Comme cela s’est déjà passé sous Pierre Bérégovoy, obligeant le premier ministre à envoyer les chars pour démanteler les barrages de poids lourds.
Mais nous franchissons en ce moment le cap le plus difficile dans le climat actuel d’exaspération qui règne dans le pays. Car, alors que tous les membres du gouvernement ne parlent que de “pause fiscale”, c’est un vrai “choc fiscal” estimé à 7 milliards d’euros qui attend les Français en 2014 quand vont prendre effet, à partir du 1er janvier, les nouveaux taux de TVA. Et la peur commence à gagner ceux qui seront les premiers affectés : les artisans, notamment dans le domaine du bâtiment, mais aussi tous les petits entrepreneurs qui manifestent eux aussi leur mécontentement. Quant aux consommateurs, c’est maintenant que la douloureuse va leur être présentée. Si bien que le début de l’année 2014 va être marqué par une série de hausses de prix dans tous les domaines, avec en premier les transports publics et l’énergie.
Tout cet environnement est explosif sur le plan social, comme l’affirment nombre de voix autorisées à droite comme à gauche. Mais il est plus qu’inquiétant sur le plan purement économique. La gauche, qui promettait la reprise et l’inversion de la courbe du chômage, va devoir gérer une année 2014 bien plus mauvaise que prévu. Déjà, contrairement à toutes les attentes, la croissance française au troisième trimestre a enregistré un recul de 0,1 %, et la plupart des indices économiques qui étaient à l’orange passent progressivement au rouge. La consommation des ménages décélère, faute de pouvoir d’achat. Les exportations baissent à nouveau : moins 1,5 % après une hausse de 1,9 % au deuxième trimestre, tandis que les importations augmentent de 1 %, signe d’une nouvelle perte de compétitivité du pays.
Mais le plus grave, c’est que l’investissement vient de connaître, pour le septième trimestre consécutif, un nouveau recul. Cela concerne les ménages, qui réduisent leurs achats dans la pierre pour des raisons qui tiennent au matraquage fiscal. Comme les entreprises, qui renoncent à prendre des risques à cause d’une trop faible profitabilité et par manque de débouchés.
Les anticipations — un mot horrible mais fondamental en économie — sont tellement négatives que les entreprises n’investissent pas, même pour renouveler leurs équipements. Un sondage réalisé il y a quelques jours par l’Ifop auprès d’un échantillon représentatif de 2 millions de patrons de très petites entreprises montrait que 72 % d’entre eux ont renoncé à investir et 46 % à embaucher, à cause de la politique fiscale menée depuis dix-huit mois.
Le problème, c’est que François Hollande et Jean-Marc Ayrault, ainsi que leurs entourages respectifs sont toujours dans le même déni de réalité. Avant d’être élu à l’Élysée, l’actuel président niait la dureté de la crise économique qui affectait l’Europe. Aujourd’hui, il refuse de regarder en face tous ces chiffres et leur traduction concrète à travers les jacqueries qui se multiplient dans le pays. Et quand la principale agence de notation dégrade la note attribuée à la dette publique française, Pierre Moscovici et son ministre délégué au Budget paradent dans les médias sur le mode “même pas peur, même pas mal”. Il reste que l’OCDE, Bruxelles et surtout l’Allemagne, qui jusqu’ici faisaient preuve de mansuétude à notre égard, s’inquiètent désormais publiquement. Que François Hollande touche le fond sur le plan de la popularité, c’est son problème. Mais qu’il entraîne la France dans sa chute au point d’en faire la bombe à retardement de l’Europe entière, c’est notre problème à tous.

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