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mercredi 4 septembre 2013

Syrie : l’indécision et le sang

Syrie : l’indécision et le sang


Les nouvelles pleuvent à propos de la Syrie mais pas les bombes, Barack Obama n’ayant pas réussi à l’heure d’écrire à convaincre le Congrès de l’utilité d’une intervention. A Londres, le refus du Parlement a été enregistré et le gouvernement de Cameron a fait savoir qu’il ne lui reposerait pas la question d’une intervention armée : les Britanniques n’iront pas. De nombreux pays ont fait savoir qu’ils ne s’engageraient que derrière les Nations unies. La tonalité générale est nette : quoi que l’on puisse imaginer sur le schéma « frappes chimiques organisées par l’opposition syrienne pour déclencher une intervention mondialiste », le fait est qu’elle semble bien loin de se mettre en route.
Dans ce schéma François Hollande détone. François Hollande qui continue d’envisager une intervention aux côtés des Etats-Unis. Commentaire de Christian Jacob, président du groupe UMP à l’Assemblée : il a accusé le président français d’être « complètement dépendant du Congrès américain » qui s’exprimera le 9 septembre au plus tôt. « Pourquoi François Hollande n’a-t-il pas suscité un Conseil européen ? (…) Qu’a fait notre diplomatie depuis deux mois ? »
Qu’a-t-elle fait depuis le début du conflit syrien ? Là est sans doute la vraie question ; l’indécision si manifeste aujourd’hui n’est que le point culminant d’une politique de paroles et non d’actes qui s’est soldée par plus de 100 000 morts en Syrie, plus de deux millions de réfugiés répartis dans les pays limitrophes et plus loin, tandis que le monde regarde. Ce monde qui ne prend pas acte du caractère tribal de l’affaire, malgré la leçon de la Libye, ni du conflit religieux inter-islamique qui l’alimente en violence et en extrémisme de part et d’autre. Reste intacte la raison du conflit : la domination alaouite, une domination sans pitié, sur un pays majoritairement sunnite.
L’indécision n’est pas dans le fait de frapper militairement ou non. Bernard Antony note que la France est placée dans une « indécente posture de freluquet matamore » par ce Hollande prêt à engager la vie de soldats français mais « lâché par un grand costaud de copain », cet Obama hésitant, et prêt également à se lancer dans « un aventurisme guerrier destructeur » accompagné d’« une absence totale d’idée de solution politique », ces « remèdes pires que les maux » éprouvés « en Afghanistan, en Irak comme en Libye ».
L’indécision, couplée avec le soutien réitéré de la Chine, de l’Iran, de la Russie à Bachar el-Assad, donne déjà à ce dernier les dividendes qu’il pouvait espérer de la situation. Menacé de frappes, mais si elles ont lieu elles ne seront pas massives, et au fond si son régime est effectivement le maître d’œuvre de l’attaque chimique du 21 août, ce « franchissement de la ligne rouge » aura pour l’instant démontré une forme d’impunité que peut espérer el-Assad.
Dans une interview recueillie par Georges Malbrunot du Figaro, Bachar el-Assad se pose en dominant, menaçant la France de voir des « répercussions négatives » sur ses intérêts en cas d’intervention et pratiquant une langue de bois flamboyante. Il se veut le garant de la stabilité de la région. On peine à croire en la sincérité absolue d’un tel discours, même en sachant combien la désinformation infeste aussi celui des « va-t-en-guerre » aujourd’hui récalcitrants. Il dit combattre des terroristes, ceux d’Al-Qaïda actifs dans la rébellion ; soit. Mais quid du Hezbollah dont il revendique le soutien, et comment ne pas penser aux attentats qui continuent d’être commandités par la Syrie au Liban, ni aux attaques meurtrières massives contre sa propre population que Damas a menées sous les Assad, père et fils ?
La teneur du rapport des renseignements français sur les attaques à l’arme chimique publié lundi soir ne peut, à cet égard, être renvoyée d’un revers de la main, pour tentante que soit l’explication d’un « montage » des rebelles. Internet a multiplié les sources d’information, mais aussi de désinformation – dans tous les camps en présence, n’en doutons pas.
Que la guerre soit la pire des solutions, et qu’elle n’est ni dans l’intérêt de la France, ni dans celui des Chrétiens d’Orient, c’est la chose certaine. Devant une situation qui est devenue si inextricable, il est temps d’en appeler au vrai Maître de l’histoire. Le pape François a lancé une journée de jeûne et de prière pour la paix, samedi.

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