TOUT EST DIT

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mercredi 4 septembre 2013

Mémoire en ruines

Mémoire en ruines


François Hollande y a sûrement pensé, mais on ne lui en tiendra pas rigueur. Oradour-sur-Glane sera, aujourd'hui, le lieu d'un de ces gestes hautement symboliques qui jalonnent l'histoire de la réconciliation franco-allemande et façonnent les destins. La visite du président allemand Joachim Gauck, au côté de François Hollande, dans ce bourg de la Haute-Vienne où furent massacrées 644 personnes le 10 juin 1944, n'a pas de précédent. Mais elle prend de surcroît une signification particulière au moment où résonnent, de par le monde, d'inquiétants bruits de bottes en réponse à une barbarie toujours renaissante.
Rien ne laissait prévoir, lorsque fut pris, en mai dernier, le rendez-vous entre notre président et son homologue allemand, qu'une actualité explosive viendait interférer avec ce moment mémoriel. Dès hier, après avoir accueilli Joachim Gauck, François Hollande a dit sa constante détermination dans le dossier syrien en plaidant (tardivement) pour une réunion entre Européens. Il y a là, de sa part, un net infléchissement destiné à le sortir de son intenable isolement.
Aujourd'hui aussi, on guettera le poids des mots dans les discours des deux présidents. Rien ne servirait, dans des textes parcheminés, d'évoquer les blessures de l'histoire en oubliant après coup d'en tirer toutes les leçons. Se souvient-on qu'à Oradour, en 1994, François Mitterrand invita les « générations prochaines à bâtir un monde où des Oradour ne seront plus possibles » ?
Rappellera-t-on qu'à l'occasion du 60 e anniversaire du Débarquement, le chancelier Schröder exhorta citoyens et politiciens européens « à ne donner aucune chance, ici et ailleurs, aux guerres, aux crimes de guerre et au terrorisme » ? Aujourd'hui, à Oradour-sur-Glane, François Hollande et Joachim Gauck vont célébrer la si nécessaire amitié (sans tension) franco-allemande dans une Europe unie et agissante. Notre président insistera aussi sur la réconciliation des Français avec eux-mêmes. De quoi inspirer l'action à venir de nos dirigeants afin que, d'Oradour à Damas, le devoir de mémoire ne tombe pas en ruines.

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