TOUT EST DIT

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ǝʇêʇ ɐן ɹns ǝɥɔɹɐɯ ǝɔuɐɹɟ ɐן ʇuǝɯɯoɔ ùO

mercredi 29 août 2012

20 questions-réponses pour comprendre 
la crise de la dette

Fonds européen de stabilité, eurobonds, union bancaire… Après une vingtaine de sommets et bientôt cinq plans 
de sauvetage, il est toujours aussi difficile d’y voir clair 
dans la crise. Tour d’horizon en 20 questions clés. 1. Pourquoi l’Europe est-elle aussi endettée ?
En partie par la faute de ceux-là mêmes qui le lui font payer aujourd’hui durement : les marchés financiers. C’est en effet pour pallier les effets de la crise des subprimes – provoquée par les folles dérives des établissements financiers – que les Etats européens ont lourdement creusé leurs déficits ces dernières années. Personne ne le conteste, injecter des centaines de milliards d’euros d’argent public dans le circuit économique était le seul moyen d’éviter que le continent entier ne sombre dans une grande -dépression. Ces plans de relance massifs, alors que les recettes fiscales avaient tendance à diminuer du fait de la récession, ont d’ailleurs été efficaces. Dès 2010, la plupart des pays européens renouaient avec la croissance, et leurs systèmes bancaires s’en sont tirés sans trop de dommages. Mais l’endettement des Etats a franchi un nouveau cap. Et les plans d’austérité qui ont suivi ont achevé le travail en cassant la croissance, provoquant de ce fait une hausse des déficits publics et donc de la dette. Entre 2007 et 2012, celle de la France a ainsi bondi de 60 à 90% du PIB, et celle de l’Italie, de 104 à 120%. Mais ne nous voilons pas la face. Si la plupart des Etats européens croulent aujourd’hui sous les dettes, c’est aussi qu’ils ont laissé filer leurs dépenses pendant des décennies pour conserver leurs systèmes -sociaux généreux et leurs administrations pléthoriques. On leur en passe aujour-d’hui l’addition.
2. Pourquoi les pays du Sud ont-ils été subitement pris à la gorge ?
Ce n’est pas leur dette proprement dite qui leur a posé problème – tous, y compris la Grèce, étaient assez solides pour l’honorer dans des conditions normales – mais l’explosion des taux d’intérêt (jusqu’à 26% pour la Grèce !) exigés à partir de 2010 par les marchés pour leur avancer de l’argent. Pour l’Italie, par exemple, un seul petit point de hausse représente une facture annuelle de 10 milliards. Les pays concernés sont donc prisonniers d’une absurde spirale infernale : l’envolée des taux accroît leurs difficultés, ce qui affole encore plus les prêteurs et provoque de nouvelles hausses de taux. C’est exactement ce qui se passe en ce moment pour l’Espagne et l’Italie. En somme, il suffirait que la confiance revienne sur les marchés pour régler le problème, en partie du moins. On n’en prend malheureusement pas le chemin.
3. La Grèce et l’Espagne méritent-elles 
leur sort ?
A priori, ces deux pays sont tout aussi fautifs l’un que l’autre : tous les deux ont abusé de la forte baisse des taux d’intérêt consécutive à leur entrée dans la zone euro, en empruntant sans frein. Mais la comparaison s’arrête là. En Espagne, le boom du crédit a certes alimenté une bulle immobilière – c’est précisément son éclatement qui est à l’origine de ses problèmes bancaires actuels – mais le pays a profité de sa forte croissance pour assainir ses comptes publics. En dépit de son emballement récent, sa dette reste d’ailleurs aujourd’hui nettement inférieure à celle de la France (72% contre 90% du PIB). La Grèce est autrement coupable. Non seulement elle a falsifié ses comptes pour intégrer le club de l’euro en 2001, mais elle a laissé filer ses dépenses publiques. «Ce pays n’aurait jamais dû intégrer la zone euro», résume l’économiste Patrick Artus, de Natixis. Reste que les investisseurs européens ont aussi leur part de responsabilité dans cette dérive : s’ils n’avaient pas accepté de prêter pendant des années à des taux très faibles au pays des olives, Athènes n’en serait certainement pas là.
 4. Les attaques spéculatives contre l’Italie 
sont-elles justifiées ?
C'est la plus grande injustice du moment. Après avoir baissé fin 2011 avec l’arrivée de Mario Monti au pouvoir, les taux d’intérêt sur la dette italienne ont de nouveau flambé ces derniers mois. Ils frôlent aujourd’hui les 6%. Echaudés par la déroute de la Grèce, et plus récemment de l’Espagne et de Chypre, les marchés financiers recommencent en effet à paniquer. Il est vrai que le pays s’enlise dans la récession et que le taux d’endettement reste très élevé (122% du PIB, contre 72% seulement en Espagne). Mais Rome a entrepris de courageuses réformes de fond – -notamment de son système de re-
traite – pour assainir ses finances et est parvenu à ramener son déficit public dans des zones tout à fait acceptables, autour de 2% cette année. Hors intérêt de la dette, le pays dégage d’ailleurs un excédent public de 1%. Surtout, l’Italie conserve une économie solide, forte d’un tissu industriel dense et compétitif : elle abrite 240.000 entreprises exportatrices, soit autant que l’Allemagne, et trois fois plus que la France ! On est loin de la situation grecque…
5. Pourquoi les taux français restent-ils faibles ?
On peut dire que nous avons de la chance. Il y a près d’un an, beaucoup d’analystes prédisaient le pire à la France. Or, contre toute attente, les marchés continuent de la traiter avec une douceur exceptionnelle. Bien que sa dette atteigne des niveaux considérables (90% du PIB), et que son déficit courant reste préoccupant (4,5% du PIB cette année si tout va bien), ils acceptent toujours de lui prêter des milliards à des taux historiquement faibles (2% fin août pour les emprunts à dix ans, contre près de 6% pour l’Italie). Pour les analystes, ils s’agit d’un simple effet d’aubaine : l’incertitude est telle en Europe que les investisseurs voient aujourd’hui Paris comme un placement très sûr. Pourvu que ça dure… L’Allemagne, elle, regarde tout ça de haut : fin mai, elle a tranquillement placé ses obligations à deux ans à un taux nul – autrement dit négatif compte tenu de l’inflation.
6. A qui profitent les taux exorbitants payés 
par les pays du Sud ?
Si l’Espagne et l’Italie se saignent pour emprunter de quoi boucler leurs fins de mois, l’argent n’est pas perdu pour tout le monde. Tant que ces pays ne font pas défaut – et il y a tout lieu de penser qu’ils n’en viendront pas à cette éventualité – les prêteurs se mettent du 6% net dans la poche, un taux à faire rêver n’importe quel petit épargnant. Les banquiers et les assureurs du Vieux Continent ne se privent pas pour en profiter. D’autant que, pour les aider à assainir leurs comptes, la Banque centrale européenne a gentiment prêté ces dernières années aux établissements bancaires 1.000 milliards d’euros de liquidités au taux imbattable de 1%. La plupart d’entre eux en ont profité pour acheter quantité d’obligations souveraines. D’après Georges Ugeux, le P-DG de Galileo Global Advisors, le jackpot réalisé par les banques italiennes, qui ont massivement acquis de la dette de leur pays, s’élèverait ainsi à… 10 milliards d’euros. Par contre, les investisseurs privés qui avaient prêté ces dernières années à la Grèce ont fait une bien mauvaise opération. La restructuration de la dette du pays, imposée par le FMI et les Etats européens, leur a fait perdre plus de 100 milliards d’euros. On ne gagne pas à tous les coups.
7. La crise risque-t-elle 
de faire chavirer les banques françaises ? Certes, d’autres établissements étrangers ont subi le même sort. N’empêche, la dégradation de BNP Paribas, du Crédit agricole et de la Société générale par l’agence Moody’s il y a quelques semaines a ravivé les craintes du public. Notre système bancaire pourrait-il être un jour ébranlé comme celui de l’Espagne ? Selon les dernières estimations, les établissements tricolores détiennent une trentaine de milliards d’euros d’obligations italiennes et une trentaine d’autres sur l’Espagne. Quant au Crédit agricole, il est lié à la Grèce via sa filiale Emporiki (qu’il cherche à vendre). Mais nos banques ne sont pas près de s’effondrer pour autant. D’abord elles n’ont pas eu à subir de plein fouet l’éclatement d’une bulle immobilière, comme leurs homologues espagnoles. Selon les spécialistes, leurs créances douteuses dans la pierre ne représenteraient pas plus de 1% de leurs crédits, contre plus de 8% en Espagne. Ensuite, elles se sont en grande partie débarrassées des titres les plus risqués et ont passé -plusieurs milliards de provisions ces dernières années. Si l’on excepte la franco-belge Dexia, qui a perdu plus de 20 milliards d’euros depuis le début de la crise, toutes affichent des niveaux de solvabilité et de liquidité confortables. «Nos banques sont parmi les plus solides d’Europe», rassure Dominique Plihon, professeur à l’université Paris-XIII. Sauf scénario catastrophe – bien improbable – de défauts espagnol et italien, leur clientèle n’a 
pas de souci à se faire.
8. Qu’ont fait les pays européens pour aider leurs voisins en difficulté ?
Dix-neuf sommets ! Depuis le début de la crise de la dette, il y a près de quatre ans, les Etats membres de l’Union se sont réunis pratiquement tous les deux mois pour tenter d’éteindre l’incendie européen. Principal résultat de ces rencontres ? La création d’un Mécanisme européen de stabilité financière (le MESF) et d’un fonds de sauvetage européen (le FESF), dotés d’une capacité d’emprunt respective de 60 et 440 milliards d’euros. C’est grâce à leur intervention que l’Irlande, la Grèce et le Portugal ont pu éviter la faillite. Et ils devraient revenir d’ici peu à la rescousse de l’Espagne et de Chypre. Mais ne nous y trompons pas, les sommes versées ne sont pas données, mais seulement prêtées à des taux préférentiels. «Pour le moment, l’Union européenne n’a pas perdu d’argent», observe l’économiste -Patrick Artus. L’Europe n’a cependant pas consenti ces «largesses» les yeux fermés : en échange, elle a imposé aux pays en difficulté des politiques d’austérité drastiques. Et exigé d’avoir un droit de regard dans la gestion des comptes publics. Comme rien n’est simple en Europe, ces instances temporaires seront remplacées cet été par une vraie institution intergouvernementale, le Mécanisme européen de stabilité (MES), auquel les Etats devront verser un capital de 80 milliards sur cinq ans (16 milliards pour la France).
9. Comment les contrôles sont-ils organisés ?
Pour vérifier la mise en place des politiques d’austérité, la Commission européenne, le FMI et la BCE ont créé la fameuse «troïka». Trois équipes techniques (une vingtaine de personnes au total) ont ainsi été dépêchées en Grèce, pour «aider» le gouvernement à élaborer ses réformes et à refondre sa législation fiscale. C’est en fonction des rapports rendus par ces experts que l’aide est débloquée… ou pas. Le Portugal et l’Irlande ont dû passer sous les mêmes fourches Caudines. Et l’on n’est qu’au début du processus, car la future «union bancaire» prévoit de renforcer cette ingérence.
10. Les Européens -imposent-ils trop de -rigueur aux pays aidés ?
Tous les économistes le répètent depuis des mois : en imposant des cures d’austérité massives comme ils le font en ce moment sous la pression des Allemands, les Européens courent à leur propre perte. Entre la Grèce, le Portugal, l’Italie, l’Espagne et bientôt la France, ce sont au total près de 150 milliards d’économie qui ont en effet été planifiés depuis le début de la crise, dont quasiment la moitié pour la seule Espagne. Or plus d’austérité signifie moins d’activité, donc moins de recettes fiscales, et… plus de dette ! C’est une évidence en Grèce mais aussi en Italie : cette potion n’a fait qu’aggraver la situation. D’où l’idée de redonner un peu d’oxygène au Vieux Continent avec un plan de relance.
11. L’action de la BCE 
a-t-elle été bénéfique ?
Cette institution a joué un rôle clé dans la crise. Comme la Fed aux Etats-Unis, elle a d’abord réduit ses taux d’intérêt, de 4,25 à 0,75%, afin de booster l’activité. Ensuite, on l’a dit, elle a prêté aux établissements bancaires près de 1 000 milliards d’eu-ros à des taux ultrafaibles (1%) pour leur permettre de -reconstituer leurs fonds propres laminés par la crise des subprimes. Enfin, pour faire baisser la pression sur les taux, elle a racheté aux investisseurs qui les avaient souscrites des obligations de pays en difficulté. Près de 190 milliards d’euros ont été engagés de la sorte. L’ennui, c’est que ces mesures sont arrivées tard. Quand la BCE a commencé à racheter des obligations souveraines, la Fed américaine le faisait depuis un an. Ensuite, elle s’est montrée particulièrement pingre : elle a dépensé cinq fois moins que son homologue d’outre-Atlantique ! Surtout, contrairement à ce qui s’est passé aux Etats-Unis et au Royaume-Uni, ses achats -publics de titres n’ont pas été monétisés dans la zone euro, par crainte de l’inflation. Cela signifie qu’un montant de liquidités égal au coût de rachat a été retiré du circuit. Or «c’est grâce à l’injection massive de liquidités par leurs Banques centrales que les Etats-Unis et l’Angleterre ont pu éviter une crise de la dette», assure -Romain Rancière, professeur à l’Ecole d’économie de Paris.
12. Les mesures annoncées en juin marquent-elles une réelle avancée ?
A première vue, oui. D’abord parce qu’après des mois d’austérité érigée en quasi-dogme au sein de l’Union, les Etats membres se sont enfin mis d’accord sur un plan de relance de 120 milliards d’euros. Ensuite et surtout parce que l’Italie et l’Espagne ont fini par arracher des mesures qui devraient les soulager financièrement. A commencer par la recapitalisation des banques, qui pourra désormais se faire sans passer par les Etats. Enfin parce que les dirigeants européens se sont entendus pour élargir les possibilités de rachat de dette souveraine sur le marché secondaire (titres déjà émis et souscrits). Jusqu’à présent, seule la BCE pouvait le faire, et encore, dans des conditions extrêmement strictes. Désormais, le Fonds de secours européen – le futur «Mécanisme européen de stabilité» – pourra aussi le faire. C’est une mesure essentielle, car elle devrait permettre d’atténuer la hausse des taux qui plombe les finances publiques espagnoles et italiennes. Mais pour que l’opération soit réellement efficace, il faudrait encore que le Fonds dispose d’assez de moyens, ce qui n’est pas le cas. Certains suggèrent de l’autoriser à emprunter à la BCE, comme les banques, mais pour le moment, les Allemands refusent.
13. Le plan de relance de 120 milliards sera-t-il suffisant pour booster la croissance ?
De prime abord, l’enveloppe du plan de relance annoncé lors du dernier sommet européen paraît plantureuse : elle équivaut à 1% du PIB européen. Mais ces 120 milliards d’euros intègrent 55 milliards de fonds qui étaient déjà sur la table. Et sur les 65 milliards restants, 50 correspondent à une simple capacité d’emprunt. Au total, d’après Natixis, les véritables nouveaux moyens injectés dans l’économie ne devraient pas dépasser… 15 milliards. C’est quatre fois moins que les économies annoncées par nos voisins espagnols et italiens ces derniers mois !
14. Qu’impliquerait -concrètement une union -politique en Europe ?
Les économistes sont unanimes  : sur le long terme, aucune union monétaire ne peut fonctionner sans union budgétaire et politique. Or la mise en place d’un tel système en Europe supposerait un immense bond en avant institutionnel. Il faudrait créer un véritable gouvernement européen, renforcer le pouvoir du Parlement, et sans doute élire un président de l’Union. Ce n’est pas demain la veille. D’abord parce que les Allemands et les Français s’opposent sur le calendrier pour y parvenir : les premiers en font un préalable à tout établissement d’une union budgétaire, les seconds pensent l’inverse… Mais surtout parce que, dans les faits, personne n’est prêt à céder du terrain sur le plan politique.
15. Combien les Européens peuvent-ils encore mettre sur la table ?
Contrairement à ce qui se passe aux Etats-Unis, où le rachat d’obligations par la Banque centrale américaine donne des moyens infinis pour intervenir en cas de crise, les possibilités d’intervention de l’Europe sont très limitées. En mettant les choses au mieux, le Mécanisme européen de stabilité (MES) qui sera mis en place cet été disposera d’une capacité de prêt de 500 milliards d’euros, sur la base d’un capital de 80 milliards. Mais en cas d’urgence, seuls ces 80 milliards pourront être immédiatement mobilisés, le reste devant être emprunté sur les marchés. Au regard des besoins potentiels, c’est bien peu : à elle seule, l’Italie va devoir trouver 650 milliards d’ici à 2014 pour combler son ardoise, et l’Espagne 450 milliards, soit un total de… 1.100 milliards. D’où l’urgence de trouver une solution plus adaptée.
16. La sortie de la Grèce signifierait-elle 
la disparition de l’euro ?
La situation est tellement ubuesque en Grèce – l’argent prêté à Athènes sert à payer les intérêts de ses emprunts – que les experts tablent désormais presque tous sur un défaut du pays et un retour à la drachme. «La majorité des investisseurs a acté ce scénario», confirme Patrick Artus. Pour les Grecs, qui cesseraient alors de rembourser leurs dettes, ce serait un ballon d’oxygène à très court terme. Mais ensuite, le prix à payer serait très lourd. D’après UBS, leur PIB pourrait s’effondrer de moitié !
Les Européens y laisseraient aussi pas mal de plumes. Selon la banque DekaBank, le seul coût direct pour les créanciers d’Athènes pourrait atteindre 350 milliards d’euros, dont une cinquantaine pour la France. Le coût indirect – qui se traduirait notamment par une flambée générale des taux d’intérêt, et donc une envolée de la dette – pourrait être encore plus élevé. Quant à l’euro, difficile de dire avec certitude ce qu’il deviendrait. Mais la plupart des analystes estiment qu’il s’en sortirait sans trop de dégâts.
17. Le retour au franc serait-il une catastrophe ?
Un tel scénario – auquel la majorité des économistes ne croit pas, et que les entreprises n’ont pas anticipé – est très peu probable, mais ne peut être totalement exclu. C’est d’ailleurs bien dommage, car la perspective ne serait pas très rose pour nous. Notre «nouvelle» monnaie commencerait par se déprécier d’au moins 20% par rapport au Deutsche Mark et par s’apprécier par rapport à la peseta espagnole et à la lire italienne. Résultat : l’Hexagone gagnerait certes en compétitivité sur son concurrent d’outre-Rhin, mais il en perdrait beaucoup par rapport à ses voisins de l’Europe du Sud. Pas sûr donc que nos entreprises en sortiraient réellement gagnantes… De même, les prix des produits importés se mettraient immédiatement à grimper, notamment ceux du pétrole, ce qui relancerait mécaniquement l’inflation. Quant au financement de notre dette abyssale, il deviendrait plus que problématique. Privée du bouclier de l’euro, la France devrait en effet emprunter à des taux bien plus élevés qu’aujourd’hui sur les marchés. Du coup, d’après l’Institut Montaigne, notre -ardoise franchirait rapidement la barre des 100% du PIB !
18. Combien les Européens ont-ils dépensé pour aider les pays en difficulté ?
Pour le moment, les pays européens ont déboursé un peu plus de 300 milliards d’euros pour aider leurs voisins en difficulté. Mais il faudra bientôt y ajouter 60 milliards pour l’Espagne. 
La bonne nouvelle, c’est que ces sommes sont prêtées et non -données. La mauvaise, c’est qu’en cas de défaut de la Grèce une partie d’entre elles ne seront jamais remboursées. La France pourrait y laisser une trentaine de milliards.
19. L’Europe se dirige-t-elle 
vers une union bancaire ?
Certes, on est encore loin d’une union bancaire. Mais les mesures décidées fin juin au sommet de Bruxelles marquent une première avancée d’importance dans ce domaine. A l’avenir, le Fonds de sauvetage européen pourra en -effet recapitaliser directement les banques – sans passer par les Etats. Cela permettra à ces derniers de ne pas accroître leur endettement au passage, comme le demandait -l’Espagne. Mais en échange de cette -libéralité, les Allemands ont exigé et obtenu la mise en place d’un système de contrôle supranational des établissements financiers. Concrètement, les pays qui recourront au dispositif devront laisser la BCE et les fonctionnaires de Bruxelles ausculter à la loupe l’état de leur système bancaire et leur dicter des recommandations. «Ils pourront leur demander de fermer tel ou tel établissement, ou de réduire les coûts de tel autre», précise Agnès Bénassy-Quéré, directrice du Cepii. Ce faisant, cette première fissure dans le lien étroit qui unit traditionnellement les Etats et leurs banques pose un réel problème de gouvernance. «Si l’on confère à la BCE un tel pouvoir dans ce domaine, il va aussi falloir lui demander de rendre des comptes devant les institutions -démocratiquement élues», prévient l’économiste Dominique Plihon.
20. Pourquoi l’Allemagne refuse-t-elle la création des eurobonds ?
Tant que je vivrai, il n’y aura pas d’euro-obligations !» La petite phrase lancée fin juin par Angela Merkel ne doit pas faire illusion : en réalité, les Allemands ne sont pas totalement hostiles aux eurobonds. Rappelons-en le principe : plutôt que d’affronter seuls les marchés, les pays de la zone euro lanceraient leurs emprunts en commun, ce qui leur permettrait d’obtenir des taux d’intérêt plus avantageux – autour de 3%, selon Natixis – que ceux aujour-d’hui imposés aux nations d’Europe du Sud. Les titres émis bénéficieraient en effet de la solidité de la signature de l’Allemagne. Pour les pays en difficulté, ce serait une énorme bouffée d’oxygène. Pour les Allemands, par contre, l’opération se solderait par un surcoût de plusieurs milliards d’euros par an, car ils empruntent aujourd’hui à 1,5%. Mais ce qui les -rebute vraiment, c’est qu’à leurs yeux ce système encouragerait les moins rigoureux sur la voie du laxisme. Voilà pourquoi Berlin exige, en préalable à toute avancée, qu’une autorité supranationale se voie confier un droit de regard sur la gestion des différents budgets nationaux. On n’en est pas encore là, mais cela pourrait finir par arriver.





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