TOUT EST DIT

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mercredi 29 août 2012

L'État, une espèce menacée ! 

Notre société internationale se compose en principe d'États. De là à conclure que ceux-ci sont le cadre naturel d'organisation de la vie sociale, il n'y a qu'un pas... qu'il serait imprudent de franchir ! L'État est une espèce beaucoup plus menacée qu'on ne le croit !
Cette fragilité est évidente dans plusieurs pays d'Afrique et du Proche-Orient qui, à l'image de l'Afghanistan, demeurent des mosaïques d'ethnies et de tribus peu disposées à remettre leurs pouvoirs à une instance lointaine. L'État n'est qu'un lieu de transaction entre chefs tribaux afin de répartir au mieux les ressources qu'il renferme.
Le cas extrême reste, cependant, la Somalie éclatée en trois entités : l'une qui maintient un semblant d'État, l'autre qui impose les rigueurs de la loi islamique, la troisième qui sert de base arrière... aux actes de piraterie. Ce sont ces situations qui ont conduit l'Onu à inventer un nouveau concept : celui « d'État défaillant » !
L'exemple de la Grèce montre que le continent européen n'est pas épargné. Là, ce n'est point le morcellement ethnique, mais le clientélisme politique et la corruption administrative qui entraînent la décomposition de l'État.
L'histoire de l'Occident nous rappelle, en effet, que l'État est une invention originale. Il a fallu l'action des rois pour construire une armée, une justice ainsi qu'une administration dégagées de la tutelle seigneuriale, et, condition décisive, un premier embryon de fiscalité afin de collecter l'impôt et de financer le nouvel ensemble. Or, ce sont ces fonctions que nous appelons encore « régaliennes » que la Grèce n'assume plus et que les émissaires de l'Union européenne, dépêchés au chevet du malade, ont pour mission principale de « réapprendre » à leurs dirigeants.
Il y a d'ailleurs là un plaisant paradoxe. Concernant la construction européenne, il nous invite à dépasser la fausse alternative du « fédéralisme » et du « souverainisme ». L'exemple grec démontre que l'Union européenne a besoin de s'appuyer sur des États en mesure de fonctionner. En même temps, on ne saurait donner tort à l'Allemagne : l'extrême fragilité des États méditerranéens plaide en faveur d'un renforcement des pouvoirs de l'Union.
Plus d'intégration dans le domaine des politiques économiques, fiscales et surtout budgétaires : voilà sans doute le prix à payer pour maintenir à flot des États qui n'ont plus les moyens de résister seuls à la concurrence ravageuse des pays émergents. La survie des États-nations réside étrangement dans plus de fédéralisme !

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