Résoudre la crise que traverse le pays n’est possible qu’en
redessinant le périmètre de l’État. Cela a déjà été fait avec succès
dans un contexte plus difficile dans des pays comparables à la France.
Monsieur le Président,
Les français sont pessimistes concernant le futur du pays sous votre présidence.
Vous avez fait campagne en promettant le changement. Il est temps de
dévoiler aux Français et aux créditeurs de l’État le plan de réformes
structurelles qui transformeront la France en rompant avec les
politiques du passé et qui rendront aux pays son rôle de modèle en
Europe et dans le monde.
La France est écrasée sous une montagne de dette publique, une perte de compétitivité et une société de défiance.
Après l’étude de 107 plans gouvernementaux visant à réduire la dette
publique dans 21 pays de l’Organisation de coopération et de
développement économiques (OCDE) entre 1970 et 2007, il apparaît
que la seule façon de stabiliser les finances publiques à long terme
reste de diminuer les dépenses de l’État d’au moins deux points de PIB,
de réduire le niveau des prélèvements obligatoires d’au moins un
demi-point de PIB et de laisser s’exprimer le dynamisme de la société.
Les réformes ci-dessous ont été réalisées avec succès par des gouvernements de centre-gauche en Nouvelle-Zélande dans les années 1980 et en Suède dans les années 1990.
Un plan de réformes structurelles en trois volets…
Pour réussir économiquement et politiquement, comme l’ont fait la
Nouvelle-Zélande et la Suède, voici quelques pistes à suivre pour le
gouvernement.
Rompant avec la politique macroéconomique défectueuse du passé, il
mettra en place un plafonnement des dépenses nominales de l’État,
l’obligation d’équilibre budgétaire pour les collectivités territoriales
et une réduction des prélèvements obligatoires (abaissement du taux
marginal de l’impôt sur le revenu, élargissement de l’assiette fiscale
et instauration d’une fiscalité plus uniforme sur les capitaux). Ces
engagements crédibles seront immédiatement récompensés par les
investisseurs sous la forme de taux d’intérêt qui éviteront de monter.
La deuxième étape consiste à métamorphoser le marché du travail. Un
accord doit être trouvé avec les syndicats de l’industrie visant à
limiter les augmentations de salaires, établir des règles claires
concernant la conduite des négociations et la résolution des différends
et ériger en référence l’évolution salariale des secteurs exposés à la
concurrence internationale. Il faut aussi amorcer une réorientation des
politiques de l’emploi vers des programmes de formation et d’insertion,
allonger la durée de l’emploi pour être éligible aux allocations chômage
et réformer l’instruction nationale, du primaire au tertiaire, en
mettant en place des coupons scolaires donnant aux parents le choix de
l’école de leur enfant.
La troisième étape consisterait à l’image de ce qui a été fait en
Suède et en Nouvelle-Zélande à révolutionner le marché des biens et des
services. Une politique de déréglementations va mener à une
restructuration rapide et des gains de productivité importants dans les
transports, les télécoms, les retraites, la santé, l’instruction, le
logement, l’agriculture, la distribution, l’énergie et les services
financiers. Les secteurs tournés vers l’exportation doivent être
réformés en premiers.
Il faut combiner réduction du déficit budgétaire et réformes
structurelles en un seul paquet législatif pour que le tout soit perçu
par la population comme un sacrifice partagé et pas comme des mesures
punitives contre certains groupes spécifiques.
… qui vous assurera une réélection
Ce plan de relance durable en trois volets consécutifs sur trois ans
peut apporter au pays le bol d’air dont il a besoin, remettre l’économie
sur les rails de la croissance, réparer l’ascenseur social et redonner
confiance aux Français dans leur gouvernement.
Au-delà de la réélection des gouvernements réformateurs de centre-gauche en Nouvelle-Zélande et en Suède, il est empiriquement prouvé que ces reformes n’augmentent pas la probabilité d’une chute du gouvernement.
Surfant sur le retour de la croissance et de l’emploi la quatrième
année, votre équipe de campagne aura le champ libre face à une
opposition désorientée et vous serez réélu par un peuple ayant retrouvé
l’espoir d’une vie meilleure.
Résumons. Résoudre la crise que traverse le pays n’est possible qu’en
redessinant le périmètre de l’État ; cela a déjà été fait avec succès
dans un contexte plus difficile dans des pays comparables à la France ;
et les conséquences positives de ces reformes structurelles vous
assureront une réélection.
Restant à votre disposition pour toute demande d’informations
complémentaires, je vous prie d’agréer, Monsieur le Président,
l’expression de mes sincères encouragements.
jeudi 20 septembre 2012
Lettre ouverte au Président de la République
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