TOUT EST DIT

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jeudi 20 septembre 2012

Le défi : concilier sûreté et justice 


S'il est un homme au gouvernement qui ne flotte pas dans son costume de ministre, c'est bien Manuel Valls. Taille serrée, regard sourcilleux, le côté toréador du « Catalan ombrageux » fait merveille au ministère de l'Intérieur. Auprès de ses troupes et de l'opinion. Casting réussi, pour l'instant.
Sur le flanc gauche gouvernemental, Christiane Taubira incarne la justice, la fin du tout carcéral. Sur le flanc droit, Valls se dresse en gardien de l'ordre républicain, l'anti-laxiste par excellence.
Valls revendique fièrement - il l'a clamé hier devant toute la hiérarchie policière - son titre de « premier flic de France ». Déjà, des médias pressés, le désignent comme possible futur Premier ministre. Depuis Nicolas Sarkozy, remuant ministre de l'Intérieur de Jacques Chirac et du gouvernement Raffarin, on sait que la place Beauvau peut conduire aux plus hautes fonctions.
Valls s'inspire d'ailleurs sans vergogne de certaines méthodes de ce prédécesseur. Posture régalienne, présence tout terrain, haute hiérarchie policière choisie à sa main, et séduction des puissants syndicats policiers. Très habilement, il pratique, sans le revendiquer, le sarkozysme policier pour mieux le dénigrer et faire oublier l'action du vaincu de la présidentielle. Son grand homme est Georges Clemenceau, qui allait dit-il, « droit devant soi ».
N'est pas « le Tigre » qui veut. Seuls les événements sculptent les grands hommes ou les dévorent. On notera toutefois que dans une société minée par la crainte de l'avenir, l'anxiété du chômage, la peur d'un retour du terrorisme, Valls rassure. Il combat la délinquance, l'insécurité, l'immigration illégale, les groupes radicaux. On peut juger ces craintes exagérément montées en épingle et faisant le jeu de l'extrême droite, n'empêche, l'opinion, majoritairement, le plébiscite.
Pas de récépissés
Le ministre de l'Intérieur accomplit l'exploit d'être apprécié à droite et applaudi par beaucoup de dirigeants socialistes, notamment les maires. Au point que l'ancien élu d'Évry peut aujourd'hui se permettre de renâcler face à certaines promesses : il ne veut pas des récépissés à remettre lors des contrôles d'identité accusés de l'être un peu trop aux faciès, et il repousse à plus tard le vote des étrangers aux élections locales.
Face à la hiérarchie policière, hier, il s'est décrit en défenseur « sans faille » de l'autorité publique, dans le strict respect des libertés et de la justice. Il démantèle donc sans état d'âme les camps illicites de Roms. Pragmatique, et fin politique, il se protège côté gauche en appelant les forces de l'ordre à respecter l'indépendance de l'institution judiciaire, et à travailler en bonne entente avec les magistrats.
Il cherche ainsi à couper l'herbe de la critique sous les pieds de l'opposition, toujours prompte à dénoncer la présumée schizophrénie gouvernementale, entre une ministre de la Justice soucieuse d'humaniser les prisons et un Valls sécuritaire. La longue histoire de la République enseigne toutefois que, dans les périodes difficiles, c'est toujours le ministère de l'ordre qui prend le dessus. Valls et Taubira sauront-ils cette fois concilier les deux politiques, sûreté et justice ? Ce serait le signe que le pays est ragaillardi et apaisé.

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