jeudi 20 septembre 2012
Char(l)ivari
« Charlie Hebdo ? Non. Je l’ai renvoyé directement aux invendus » :
réponse d’un marchand de journaux entendue hier à Paris, dans un
quartier où la population musulmane est très présente. En pleine
polémique mondiale autour d’un film anti-islam, Mahomet est l’une des
cibles privilégiées – cette semaine encore un peu plus que d’autres – de
l’hebdomadaire satirique. Malgré son métier, défendre la presse en la
diffusant, le kiosquier, par sentiment personnel et par évaluation de
son terrain commercial, a décidé de ne pas mettre en circulation le
numéro 1057. Voici une forme de protestation plutôt bien dosée.
Ne
pas l’acheter ou ne pas le faire vendre : qui trouve que Charlie
charrie dans sa dénonciation de la charia, peut exprimer sa réprobation
de la même manière.
Et pour les personnes qui s’estiment
injuriées, parce que leurs convictions religieuses sont attaquées de
manière trop virulente, existe la voie judiciaire. Voici le cadre, le
seul qui vaille, dans un pays laïc, où la presse est libre sauf
d’enfreindre la loi, et où le consommateur est maître de ses choix…
L’émotion
que suscite cette publication est révélatrice, en tout cas, d’une
tension bien plus large, puisque sans frontière. Qu’un film, il est vrai
animé par la haine, embrase la toile numérique et, en de nombreux pays,
provoque des réactions souvent violentes, montre le degré de
frustration des populations musulmanes de par le monde. Sous l’étiquette
de salafistes ou de djihadistes d’Al-Qaïda, des groupes, pas forcément
nombreux mais déterminés, utilisent toute brindille pour attiser le feu.
D’Égypte en Libye, en passant par la Tunisie, le Yémen ou le
Bangladesh, ils font pression sur les gouvernements pour les amener à
des positions radicales et orchestrent des mouvements de foule.
À
Benghazi, un personnage emblématique est mort dans un assaut contre le
consulat américain : Chris Stevens, proche d’Obama, était un diplomate
qui a beaucoup appuyé la rébellion et contribué à la chute de Kadhafi.
Mais pour les fous de Dieu, un Occidental ami, qui connaît leur
religion, est peut-être encore plus dangereux que tout autre. Le
char(l)ivari hexagonal ne doit pas détourner notre regard de cette
inquiétante réalité planétaire.
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