TOUT EST DIT

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dimanche 6 novembre 2011

« Au moins, Merkel et Sarkozy travaillent »

Pour l’ancien Premier ministre Michel Rocard, le tandem franco-allemand, si critiqué, parvient à limiter les dégâts.
 L’ex-Premier ministre de estime qu’il est trop tôt pour dire que la crise européenne est terminée.

Est-on sorti de cette crise grecque ?
MICHEL ROCARD. Probablement pas. Il ne suffit pas d’avoir renoncé au référendum pour que tout redevienne normal.
 On saura si on en est sorti s’il n’y a pas de défaut grec dans les quinze jours qui viennent. Mais le résultat, c’est qu’on demande à la Grèce de diminuer le niveau de vie de tous ses habitants de 20%. Il est évident qu’un gouvernement démocratiquement élu ne peut faire ça. J’ai beaucoup réfléchi à l’attitude de Papandréou et un détail a échappé à beaucoup de monde : il vient de changer l’essentiel de la composition du haut commandement militaire. Cela veut donc dire que la question du maintien de l’ordre dans le pays est un problème sérieux. A Athènes, on réfléchit au rôle que devra jouer l’autorité militaire.

Vous regrettez que Sarkozy et Merkel aient fait pression sur Papandréou pour qu’il abandonne son référendum ?
Cela a agacé mesdames et messieurs nos dirigeants politiques et ça a perturbé leur soigneux calendrier qui voulait que la Grèce soit derrière eux au moment où ils entraient dans le G20. On a déstabilisé, décrédibilisé Papandréou. Il aurait fallu l’aider à être l’homme de la situation plutôt que de lui compliquer la vie. Qu’est-ce qu’on fait derrière? Qui va diriger la Grèce? Nous allons nous trouver devant une situation de blocage politique terrible. Georges Papandréou est un ami, je le respecte. C’est le fils d’un ancien Premier ministre grec, mais il est beaucoup moins populiste et beaucoup plus sérieux que n’était son père. C’est un grand seigneur d’une certaine façon.

Le tandem Merkozy, comme l’appelle la presse européenne, a-t-il bien géré la crise ?
Au moins, le tandem franco-allemand travaille et cherche une solution, dont naturellement chacun veut qu’elle soit compatible avec ses intérêts nationaux. La situation générale des liquidités mondiales est telle que, s’il y a un défaut de paiement à l’intérieur de la zone euro, il y aura un mouvement spéculatif torrentiel. Ce sont les mêmes banques qui ont des créances en Grèce, en Italie… Or, on ne distingue pas les créances quand la panique s’en mêle! M. Sarkozy et Mme Merkel essaient de colmater les brèches. Jusqu’à présent, ils y arrivent en partie.

Vous paraissez peu critique vis-à-vis de Nicolas Sarkozy…
Le président Sarkozy est un homme dont on a mesuré l’impulsivité et une certaine discontinuité. Donc ce président a des faiblesses considérables. Dans son bilan, ce qu’il a fait sur la scène financière internationale est ce qu’il y a de mieux. Mais ça ne suffit pas.

Avec la crise, le projet du PS et de son candidat, , vous paraît-il réaliste ?
Non, si on doit y voir une prévision sur l’avenir. Mais ce qu’il a de réaliste, c’est de mettre l’accent sur les choses fortes : nous ne pouvons pas sortir de cette crise en retrouvant la même croissance qu’avant, ni en rythme ni en contenu. Trop de gaspillage, trop de consommation de produits fossiles énergétiques, trop de déchets, trop de gaz à effet de serre… Nous avons besoin d’écologiser nos modes de vie.

Etes-vous favorable, comme les écologistes, à une sortie du nucléaire ?
Non et François Hollande doit tenir bon face à eux. La folie post-Fuku- shima a été grande. Le fait qu’un accident nucléaire soit intolérable et scandaleux n’implique pas qu’on cesse de réfléchir. La renonciation au nucléaire pour revenir à plus de charbon, c’est n’importe quoi. J’aurais tendance à me battre pour que toutes nos académies des sciences nous fournissent des indices de dangerosité. Et qu’avec cela on puisse sereinement choisir l’énergie la moins dangereuse.

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