samedi 29 octobre 2011
La senteur du jasmin, l'ombre islamiste
Ils furent les premiers dans le monde arabo-musulman à se soulever contre un régime autoritaire. Ils chassèrent Ben Ali. Puis organisèrent les premières élections libres depuis le printemps arabe. Ils ont voté dimanche, sans entrave. Choisi, en conscience. Les Tunisiens ont repris en main leur destin. Comment ne pas saluer l'élan démocratique né de la révolution du jasmin ? Le chemin qui mène à la république de Tunisie est encore long. Il faudra écrire une constitution, bâtir un État de droit, réformer la justice. Il appartiendra à Ennahda, le mouvement victorieux, dont l'émergence a surpris et dont la forte identité islamique revendiquée interpelle, de ne pas décevoir l'aspiration du peuple à un vrai changement. Doit-on s'en inquiéter ? Sans doute car si ce parti est libéral en économie, il est ultraconservateur sur le plan des murs et sécuritaire sur le plan politique. Car s'il reconnaît le pluralisme, il estime que celui-ci est soluble dans l'islamisme. Mais quelle vision de l'islam ? D'autres questions sont posées, par exemple sur le statut des femmes, un bel acquis dont on pourrait redouter, sous la pression des radicaux, qu'il régresse. Est-ce à dire, comme on l'entend, que les espoirs de liberté seraient à la veille d'être balayés par des « barbus » tapis dans l'ombre ? Nous, Européens, qui avons trop fermé les yeux sur le règne d'un despote, serions avisés de ne pas jeter le bébé avec l'eau du bain. Et d'admettre que toute transition entre la dictature et la démocratie est imparfaite. Faisons confiance à la société civile tunisienne pour défendre sa révolution et fabriquer son modèle.
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