135 millions d'euros "dans les nuages" : le quotidien Les Echos révèle, ce mercredi, que l'Etat va investir largement dans le projet Andromède, une entreprise qui doit être créée le premier novembre par un conglomérat rassemblant Orange, Thalès et Dassault Systèmes avec pour ambition de former un géant français de l'informatique dématérialisée. Egalement appelée "informatique dans les nuages" (cloud computing en anglais), l'informatique dématérialisée recouvre l'ensemble des services qui sont gérés directement en ligne, et non depuis un logiciel installé sur un poste de travail : services d'e-mail, traitements de texte, gestion de bases de données…
Les poids lourds du secteur, comme Microsoft, Google ou Amazon, proposent déjà des palettes de services dématérialisés, à destination des particuliers mais aussi des entreprises. Pour ces dernières, les intérêts sont multiples : gestion simple – la maintenance est assurée par leur prestataire –, économies d'échelle, facilités de déploiement… Sur le créneau très lucratif de la bureautique, par exemple, Microsoft et Google se disputent un marché en pleine croissance, avec Google Documents et Office 365, lancé l'an dernier.
Mais ces services à distance ont aussi leurs faiblesses, et présupposent notamment que le client abandonne une partie du contrôle qu'il exerce sur son informatique. Dans les domaines sensibles, comme la défense ou la santé, les entreprises rechignent à utiliser des services qui font transiter leurs données par des serveurs situés aux Etats-Unis ou dans d'autres pays. C'est sur ce point que compte s'appuyer Andromède pour créer un géant français capable de concurrencer les entreprises américaines.
La question se pose de manière plus aiguë encore pour les administrations. "La souveraineté des données est un point clé pour les acteurs publics", expliquait mardi Jérôme Brun, vice-président d'Atos lors de la conférence de rentrée de Microsoft France. Les deux entreprises viennent de lancer un partenariat pour proposer aux administrations une version des services Office 365 de Microsoft, hébergée par Atos – et donc en France. "Le secteur public a besoin de l'assurance que ses données ne quitteront pas l'Europe, ou, mieux encore, le territoire national. On entend souvent que ces technologies n'intéressent pas le secteur public ; c'est complètement faux, mais il faut pouvoir répondre à leurs contraintes spécifiques."
Dans d'autres pays de l'Union européenne, les contraintes pourraient se durcir drastiquement : les Pays-Bas envisagent ainsi d'interdire purement et simplement aux administrations d'utiliser des services en ligne gérés par des entreprises américaines. En effet, rappelle Numerama, la législation antiterroriste américaine permet au gouvernement d'accéder à l'ensemble des données hébergées par des entreprises américaines.
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