TOUT EST DIT

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jeudi 22 septembre 2011

Eviter le scénario du pire

En serrant d'un nouveau cran, hier, la ceinture de l'austérité du pays, le gouvernement d'Athènes aurait-il enfin trouvé la recette d'un redressement garanti sur paiement de l'impôt ? On voudrait y croire. Malheureusement, l'équation aux multiples inconnues de la crise grecque se révèle plus inextricable de jour en jour. Il est vrai qu'elle se heurte à des obstacles redoutables, à commencer par la pression souvent irrationnelle des marchés et le Monopoly mortifère des spéculateurs. Qu'on ne s'y trompe pas : certains acteurs de la finance et de la Bourse rêvent de détricoter l'Europe et l'euro pour retrouver, demain, un champ de jeux encore plus favorable à leurs desseins.

Il faut être lucide : le programme de remise sur pied du grand malade grec s'avère hypothétique. C'est un peu l'histoire d'un curiste qui n'arrive pas à maigrir de dix kilos et à qui ses médecins imposent, sans plus attendre, une nouvelle perte de poids de vingt kilos. L'impôt ne rentre pas ? Augmentons la dose ! On pourrait rire de ce côté shadok si ce n'était dramatique.

Il faut être réaliste : la Grèce n'a toujours pas trouvé, loin s'en faut, le chemin de crête entre austérité et croissance. Pis, les chicanes à franchir se multiplient. En externe avec la multiplication des réticences politiques, le délitement des solidarités et le renforcement des opinions hostiles, y compris en France, comme le révèle le dernier sondage de dimanche Ouest France. En interne avec l'isolement et la fragilité du gouvernement de Papandréou, et la montée des mouvements contestataires face à une politique inefficace et inégalitaire.

Il faut aussi être clair. Tant que la Grèce n'aura pas d'administration fiscale en état de marche, le redressement de ses comptes publics restera une douce illusion de technocrate bruxellois, un fantasme de politique parisien, ou un espoir angélique d'europtimiste convaincu. Qui peut croire aujourd'hui au miracle ? On ne change pas une culture séculaire de la fraude par décret.

Dans ce contexte, la langue de bois des ministres français sur l'impossibilité de faillite de la Grèce sonne faux et relève du déni de réalité. Le doute initial sur la capacité du rebond grec, réservé aux économistes, se propage désormais à la sphère politique. Le scénario de la faillite n'est plus tabou.

Mieux vaut donc se préparer au pire, ne serait-ce pour l'éviter. Les leaders politiques européens, qui ont déjà gaspillé une partie de leur crédit dans le traitement du dossier grec (atermoiements, dissensions, incohérences), seraient bien avisés d'anticiper un « crash » de la Grèce. Quitte à naviguer entre les deux écueils majeurs : trop d'austérité ou trop de laxisme. Trop d'austérité aux détriments des Grecs les plus modestes, c'est un peu le risque de l'heure. Trop de laxisme, c'est le choix de ceux qui imaginent possible un effacement pur et simple de la dette.

Restructurer la dette, l'aménager dans le temps, l'alléger... Tôt ou tard, les politiques devront se résoudre à trouver une alternative au statu quo actuel. Car ils ont plus que jamais une ardente obligation, tout faire pour éviter le scénario du pire : une faillite brutale, non préparée, de la Grèce. Elle rimerait avec chaos financier, bancaire, politique, économique et social... Elle pousserait les spéculateurs vers d'autres cibles affaiblies par leurs dettes publiques : Portugal, Italie, Espagne... Elle enfoncerait un coin peut-être décisif dans l'Union monétaire. Bref, elle engendrerait la catastrophe.

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