TOUT EST DIT

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dimanche 27 février 2011

Les bras ballants ?

Ouf, quel soulagement pour notre bonne conscience horrifiée par les massacres en Libye ! Le Conseil de sécurité de l’ONU entraîné par les Européens va adopter une résolution — « robuste », selon un diplomate – contre le régime Kadhafi. Elle serait applicable dès lundi avec force condamnations verbales, menaces pénales et, peut-être, un embargo sur les livraisons d’armes.

Mais à quelles fins utiles ? Mouammar Kadhafi possède déjà à profusion du matériel de guerre complaisamment fourni depuis des années par les Français, les Américains, les Russes, les Italiens et quelques autres. Autant dire que cette mesure ne sera pas plus efficace que le gel des avoirs de la famille du « guide », gel décrété ici ou là et en dernier lieu par le président Obama. Certes, comme tous ses comparses en dictature, le colonel Kadhafi a raflé un magot estimé à plusieurs milliards de dollars, évidemment sans comptes à son nom ou à celui de ses affidés. Tout circule dans la grande nébuleuse de la finance mondiale. Par exemple, le fonds souverain libyen LIA surtout présent dans l’économie italienne (et jusque dans les clubs de football de la Péninsule) brasse plus de 60 milliards. A ces sommes amassées grâce à l’argent du pétrole s’ajoutent les avoirs de la Banque centrale libyenne, peut-être 100 milliards. Devant l’opacité du régime libyen, il est difficile de différencier les parts de l’État de celles de la famille avec ses alliés et les tribus. Et comme dans notre société les enjeux de la Finance prévalent sur la politique, le « gel » et la « surveillance » de ces fonds relèvent plus du symbole que de la réalité…

Après avoir tant flatté Kadhafi durant la dernière décennie, Américains et Européens regardent choqués et impuissants le drame libyen. Du haut de leur balcon, de la même façon qu’ils avaient longtemps regardé le siège de Sarajevo et ignoré le massacre de Srbrenica. Ils sont paralysés. Une intervention militaire, peut-être contre-productive car elle réveillerait le nationalisme libyen, ne se justifierait que si Kadhafi interdisait le rapatriement des étrangers, ce dont il se garde bien. Sinon, en regard du droit international, il faudrait l’accord du Conseil de sécurité de l’ONU impossible à obtenir. Par ailleurs, qui prendrait la responsabilité d’une telle expédition ? Pas plus les États-Unis que des pays européens isolés ou en coalition. Alors, l’OTAN ? Elle est déjà engluée en Afghanistan. L’Union européenne ? Les Européens disposent en tout et pour tout de deux petites brigades multinationales et, de palabres politiques en problèmes de logistique, leur déploiement nécessiterait des semaines. Quant à l’interdiction de l’espace aérien libyen, également en discussion, elle est très difficile à réaliser. Il ne suffit pas de décréter, des avions de combat – qui les fournirait ? — seront nécessaires pour surveiller et éventuellement abattre des appareils libyens…

L’Europe, et particulièrement la France, doit-elle pour autant rester les bras ballants ? Le plus urgent consiste à aider massivement la Tunisie et l’Égypte dans leur accueil de milliers de réfugiés, également pour consolider le réveil démocratique dans ces pays. Ensuite, et n’en déplaise à tous les populismes et autres électoralismes, la question de l’immigration et de l’asile exige une réponse rapide au niveau de l’UE. Car, Kadhafi tombé, et après la saison des tempêtes en mer, les « boat-people » arriveront…


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