2008. L’année de l’affaire Kerviel, de l’interdiction de fumer dans les lieux publics et… de la première échographie du clitoris. Oui, vous avez bien lu 2008. Soit il y a moins de trois ans. Cette année-là, alors qu’en France, les hommes ont depuis dix ans déjà leurs plaquettes de Viagra, une gynécologue-obstétricienne, Odile Buisson, parvient, avec le soutien du chirurgien reconstructeur Pierre Foldès, à contourner les tabous pour pousser un peu plus loin la connaissance de cet organe du plaisir féminin. Dont on ne sait alors presque rien. La France est particulièrement pudibonde sur le sujet, bien plus encore que la catholique Italie ou la puritaine Amérique. Ce retard fait tache dans un pays développé, dans lequel les femmes revendiquent une place grandissante depuis quarante ans, qui se targue d’avoir fait la révolution sexuelle et met le mot « plaisir » à toutes les sauces.
Odile Buisson raconte dans un ouvrage passionnant, “Qui a peur du point G ?” (1), les blocages auxquels elle a dû faire face pour mener à bien ses recherches, d’abord sur le clitoris, puis sur la zone érogène qui contiendrait le fameux point G. Blocages culturels – « Cela relève de l’intime » –, querelles de chapelles – « Le plaisir, c’est dans la tête avant tout » – et réflexes d’hommes aux commandes des hôpitaux universitaires et des laboratoires de recherche. Elle a dû aussi essuyer les railleries de ses confrères qui estimaient que de telles études étaient inutiles, puisqu’elles ne servaient pas à la reproduction. On sait pourtant aujourd’hui que les conséquences d’une sexualité insatisfaisante peuvent être désastreuses. D’ailleurs, dès 1972, L’OMS estimait que la santé sexuelle était indispensable à l’épanouissement de l’individu. Mais en France, aucun hôpital ne possède de véritable service de médecine sexuelle féminine qui rassemblerait les spécialistes adéquats pour traiter des dysfonctionnements féminins.
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