TOUT EST DIT

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lundi 10 janvier 2011

Violences démocratiques au Maghreb

Des violences sporadiques, mais de plus en plus importantes, se répandent ces dernières semaines en Tunisie et en Algérie. Il ne serait pas difficile de plaider que ces événements n'ont rien en commun, qu'un pays de 35 millions d'habitants et riche de ses hydrocarbures ne peut être comparé à un pays de 10 millions d'habitants sans ressources naturelles abondantes.

Et pourtant, de nombreux facteurs les rapprochent. D'abord, la structure de la population. L'âge médian est de 26 ans et Algérie, 29 en Tunisie (contre 40 ans en France et 44 en Allemagne). Ces populations sont donc très jeunes. L'angoisse de cette jeunesse face aux difficultés du marché du travail est d'autant plus ressentie que les générations actuelles savent qu'elles sont les dernières à être aussi nombreuses. En effet, on ne le dit pas assez, la révolution démographique est faite dans ces deux pays. Le taux de fécondité est descendu à 2,3 enfants par femme en Algérie et même à 1,8, soit en dessous du taux français, en Tunisie. Mais, pour ceux qui ont vingt ans aujourd'hui, les perspectives économiques sont d'autant plus étroites que la Chine a conquis, notamment dans l'industrie textile, les créneaux que ces pays ont tenus pendant deux ou trois décennies.

Le parallélisme vaut également sur le terrain politique. La liberté de la presse est sans doute un peu plus large en Algérie mais, sous prétexte de lutte contre l'islamisme, les régimes en place ne laissent se développer aucun contre-pouvoir, qu'il soit économique, politique ou intellectuel. Les jeunesses algérienne et tunisienne, qui par Internet n'ignorent plus rien de ce qui se passe dans le monde, ne supportent plus l'oligarchie dirigeante qui accapare la rente pétrolière ici, les revenus touristiques là. Un tel immobilisme corrompu vide ces deux pays de leurs élites et jette les jeunes dans la rue. Un demi-siècle après les indépendances, l'ancienne puissance coloniale a disparu de l'horizon historique. Mais beaucoup sur place souhaiteraient qu'elle encourage les forces démocratiques plutôt que de cacher ses intérêts sous un silence complice.

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