Les deux otages français exécutés par leurs ravisseurs au Niger ne sont pas morts pour rien.
Cette affirmation peut paraître brutale, froide, insensible. Révoltante, même. Aucune justification politique, aucun intérêt national, aucune raison d’État ne sauraient faire cyniquement passer en pertes et profits deux vies supprimées sans le moindre état d’âme au bord d’une piste sahélienne. Deux jeunesses broyées par l’alliance implacable du fanatisme religieux, du banditisme de circonstance et des hasards d’une course -poursuite qui s’est mal terminée. Deux sourires effacés à côté desquels les jeux mortels d’Aqmi semblent aussi cruels que dérisoires.
«Des barbares», a dit le président de la République pour qualifier les bourreaux. Des barbares, en effet, qui ne comprennent que la logique du rapport de forces violent quand leurs adversaires, les démocraties, tentent d’ouvrir avec eux un impossible dialogue. Un face à face inégal où les agresseurs ont toujours un coup d’avance et dictent leur loi - celle de l’intimidation et du chantage - au pays et aux familles de leurs victimes.
Cela ne consolera jamais ceux qui aimaient Antoine et Vincent, mais si l’opération militaire pour les arracher aux mains de leurs kidnappeurs a échoué, elle servira peut-être à dissuader d’autres agressions de ce genre. À servir de coup d’arrêt.
Hier soir, Alain Juppé a déclaré qu’il assumait l’intervention conjointe des militaires français et des forces nigériennes. Et toutes ses conséquences. C’est à l’honneur du ministre de la Défense et du gouvernement qui tiennent ainsi un discours courageux au moment où l’émotion nationale aurait pu les conduire à recourir à la démagogie la plus indigne.
La position française est la seule raisonnable, même si l’épilogue a été le même que celui qui avait conduit à l’élimination d’un autre otage, Michel Germaneau, au Sahel il y a quelques semaines. Il fallait absolument arrêter l’audace des agresseurs qui comptent sur le prix de l’existence pour monnayer la libération de leurs proies. S’ils osent s’aventurer jusque dans le centre d’un Niamey qu’on croyait préservé de leurs raids, jusqu’où iront-ils la prochaine fois ?
Il n’y a donc pas lieu de polémiquer sur le thème : était-il prudent de prendre en chasse les fuyards ? Les partis, unanimes, s’en sont heureusement bien gardés... Une simple transparence des faits suffira donc, et les Français seront capables de comprendre la ferme logique de l’exécutif. Cette fois, il n’y avait pas d’autre choix... Les rodomontades et les coups de menton vengeurs ne font guère d’effet, hélas, sur des hommes déterminés, entraînés pour rester insensibles à la tragédie de cette guerre nouvelle. Cette fois, le message envoyé à Aqmi est très clair. Et très cher... Le temps des lâchetés, petites et grandes, est bel et bien terminé.
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