TOUT EST DIT

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lundi 10 janvier 2011

Le piège tendu par les terroriste

D'un côté, quelques armes et quelques tueurs payés par des mains criminelles. De l'autre, deux jeunes hommes, victimes désignées par le seul fait d'être blancs et probablement Français. Cela s'est passé dans un restaurant de Niamey, cela aurait pu être ailleurs, dans l'immensité du Sahel. Tout est allé très vite. L'enlèvement, la fuite, l'assassinat.

Fallait-il militairement tenter de stopper les preneurs d'otages comme l'ont fait les troupes nigériennes, avec le soutien de la France, ou les laisser filer pour d'improbables négociations futures ? On ne le saura probablement jamais. La seule certitude, c'est que deux jeunes Français viennent de payer de leur vie le chantage exercé par une poignée de terroristes.

La France ¯ on le savait déjà mais le doute n'est plus de mise ¯ est désormais une cible privilégiée d'Al-Qaida. Depuis que les militants salafistes du GSPC ont décidé de fonder l'Aqmi (Al-Qaida au Maghreb islamique), pour jouir notamment du prestige de la « franchise » de Ben Laden, Paris n'est pas un objectif tout à fait comme les autres. La présence de nombreux jihadistes algériens dans les rangs du groupe terroriste favorise de vieux antagonismes. La scène française est exposée, plus que d'autres, à tous les chantages, qu'il s'agisse de l'héritage colonial, de la présence française en Afghanistan, des débats juridiques sur le port du voile ou des sondages sur l'islam.

Mais, comme le souligne Jean-Pierre Filiu (lire aussi page 3), « il ne faut pas tomber dans le piège de la propagande ». Pour les terroristes, c'est là une arme de conditionnement massif. Elle n'est pas propre au terrorisme islamique ; tous les terrorismes se nourrissent de victimes exemplaires. C'est la vengeance du faible, l'arme du lâche. C'est plus encore un objectif froidement mesuré.

Cette stratégie a deux destinataires. Les pays de la région, tout d'abord, impuissants à maîtriser dans de tels espaces le fourmillement de bandes criminelles organisées, prêtes à tous les accords pour mobiliser leurs tueurs à gage. La Mauritanie, le Mali, le Niger, bientôt peut-être le Burkina Faso. Faire tache d'huile est un objectif stratégique pour Aqmi. Et, plus généralement, pour Al-Qaida. Nul ne dit qu'un lien organique existe entre les attentats d'Alexandrie, ceux perpétrés en Irak ou au Pakistan, et l'activisme au Sahel. Mais les auteurs de tous ces actes se renforcent mutuellement.

L'autre destinataire, c'est l'Occident, et notamment la France. Pour y diffuser la peur, aiguiser les antagonismes, attiser les haines, puiser dans ces confrontations une nouvelle force.

Il est heureux que toute la classe politique française ait, hier, fait montre d'unité face à de telles attaques. Et on ne peut que souhaiter que tout soit entrepris pour que, par une plus grande concertation internationale, les réseaux du terrorisme islamiste soient démantelés. Pour que leurs sources de financement (rançons, trafic de drogue, de cigarettes et de migrants) soient taries. Pour que leur expansion soit fermement combattue.

Mais il est tout aussi important dans nos débats de ne pas tomber, tête baissée, dans le piège de la confrontation identitaire, tel qu'il est tendu par les commanditaires du double assassinat de samedi. C'est d'une croisade dont rêvent les fous de dieu. C'est le piège le plus insidieux que doivent éviter leurs victimes.

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