Le révoltant assassinat de deux jeunes Français au Sahel, après celui de l’otage Michel Germaneau et après l’enlèvement de cinq autres Français, l’année dernière, intervient au moment où deux pays-clés d’Afrique du Nord, l’Algérie et la Tunisie, font face aux émeutes d’une population désespérée. Ce n’est sans doute pas une coïncidence. Les terroristes d’Aqmi soupçonnés d’être à l’origine de la mort de Vincent Delory et Antoine de Leocour sont les enfants naturels des Groupes islamistes armés qui ont plongé l’Algérie dans la guerre civile, dans les années quatre-vingt-dix. Officiellement, la « décennie du terrorisme » y est terminée. Mais le feu social n’a pas été éteint, et il repart à la moindre étincelle.
Dans la Tunisie voisine, où l’on a beaucoup pardonné au président Ben Ali au nom de sa lutte (qui paraît efficace) contre l’islamisme, on s’aperçoit aujourd’hui qu’il ne suffit pas, pour garantir la paix intérieure, de mettre 30 000 fanatiques en prison, comme il l’a fait. Il faut aussi laisser respirer la population et garantir un développement économique suffisant. Le compte n’y est pas… Loin du prospère littoral touristique, la Tunisie reste un pays pauvre.
Les émeutes qui agitent les deux pays sont le résultat d’échecs politiques et économiques parallèles, qui font douter Algériens et Tunisiens.
L’ensemble de la région est fragilisé. Ne pouvant plus se déployer, comme avant, en Algérie, où l’armée a repris le contrôle de la situation, ni s’implanter de façon ostentatoire en Tunisie, où Ben Ali n’a jamais perdu ce contrôle, Al-Qaïda a glissé progressivement vers le sud du Sahara. Voici trois ans déjà, il avait fallu annuler le rallye Paris-Dakar, avant de l’exiler, depuis 2009, en Amérique du Sud.
Les terroristes s’en prennent de plus en plus frontalement à la France, principal allié des pays du Maghreb. Tout laisse à penser que nous sommes confrontés à une guerre de longue haleine qu’il ne sera pas possible de gagner sur le terrain. Les opérations commandos ont surtout prouvé, jusqu’à présent, leur inefficacité et leur dangerosité. Pour assécher le terreau de l’extrémisme, il sera nécessaire que renaisse l’espoir en Afrique du Nord. Vaste programme, dans lequel il n’est pas acquis que Bouteflika, Ben Ali et la vision actuelle de la coopération de la France avec les pays du Maghreb aient leur place.
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