TOUT EST DIT

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mercredi 12 janvier 2011

Une stratégie de développement


Port-au-Prince mais aussi des quartiers entiers d'autres villes ont été abattus par le tremblement de terre de l'an dernier. L'État, déjà bien fragile, s'est effondré. Le peuple haïtien est apparu dans son dénuement mais aussi dans sa volonté de survivre et de reconstruire. Un immense élan international de secours s'est déclenché alors que l'on comptait 250 000 morts, 300 000 blessés, 700 000 déplacés. Beaucoup d'argent a été promis par différents pays. En France, dans l'Ouest, la générosité a été remarquable.


Des solutions d'urgence ont été mises en œuvre auxquelles l'association Ouest-France Solidarité a participé. Grâce au résultat extraordinaire de la collecte de l'an passé, des tentes, des abris de fortune ont été dressés. Hélas, le provisoire dure toujours et ce sont des centaines de milliers d'Haïtiens qui se trouvent encore entassés dans quelques endroits exigus et insécurisés. Ils vivent cette épreuve avec beaucoup de courage. Pourtant, une telle situation ne pourra pas durer sans provoquer des troubles graves.


Évidemment, l'argent ne suffit pas. Les observateurs, les commissions internationales soulignent la nécessité de reconstruire un véritable État. Des orientations sont définies. « Il ne s'agit pas, en effet, de reconstruire des bâtiments et des logements à l'identique, mais de construire des institutions et une économie », écrit Pierre Duquesne, ambassadeur chargé des questions économiques de reconstruction et de développement (1).


Ainsi, avant de reconstruire, il faut savoir où le faire et comment. Quand on songe à la masse énorme des décombres et déchets qu'il faut évacuer, au fait qu'il n'existe pas de cadastre, on imagine l'ampleur des difficultés et des efforts qui sont et seront nécessaires. Certains estiment qu'il faudra au moins dix ans pour y parvenir. À Montréal, la commission internationale s'est engagée au minimum pour une telle période.


« Le pain des tropiques »


Mais, derrière la catastrophe connue de tous, il en est une autre, moins apparente : c'est la dégradation des sols par suite du déboisement. Il importe donc, en même temps, de s'engager à fond dans le développement durable qui consiste à sauvegarder les terres arables puis à les employer judicieusement. Cela passe, évidemment, par le reboisement, ce qui signifie donc qu'il faut traiter les problèmes d'Haïti à la source et sur le long terme, écrit encore Pierre Duquesne.


Il faut que cette catastrophe majeure devienne, en quelque sorte une chance qui permette l'aménagement politique et économique du territoire. Ainsi, on pourra espérer une réussite analogue à celle de la République dominicaine voisine qui, voici cinquante ans, était dans un état comparable à celui d'Haïti aujourd'hui. Pour y parvenir, il importe de redonner du poids aux collectivités locales par la décentralisation, mais aussi compte et comptera le respect des règles démocratiques.


Souhaitons que le processus électoral en cours permette « l'installation d'une gouvernance qui sortira de l'indécision politique, de l'inefficacité administrative, des inégalités extrêmes, de l'absence d'intégrité financière » (1). Mais c'est, bien sûr, des Haïtiens eux-mêmes que dépend l'avenir du pays. Ce sont eux qui mettront en oeuvre, comme il convient, l'aide internationale.


Déjà, nombreux sont ceux qui ont fait cette prise de conscience et se sont engagés dans une réflexion stratégique sur le développement d'Haïti. En témoignent, par exemple, l'effort entrepris par le Gadru (Groupe d'appui au développement rural) et par le Codeart (Coopération au développement de l'artisanat), effort en partie financé par les dons d'Ouest-France Solidarité pour stabiliser les sols autour des villages et pour faciliter, par des cassaveries, la transformation du manioc, ce « pain des tropiques » (2). De plus, Ouest-France Solidarité s'efforce de soutenir ceux qui peuvent construire des logements durables à des prix abordables.


Un an après, presque tout reste à faire. Nous maintiendrons autant que nous le pourrons notre aide et, bien sûr, dans le respect des Haïtiens qui sont, en définitive, les maîtres de leur destin.

(1) Revue Mondes, n° 4.

(2) Le pain des tropiques, film de Bernard Simon diffusé sur France Ô, ce soir, à 20 h 35.

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