mercredi 12 janvier 2011
L'Asie au secours de l'euro
Le doute n'est plus permis : l'Asie veut sauver le soldat euro. La Chine va acheter des obligations publiques espagnoles. Le Japon, lui, va acquérir des obligations émises par le Fonds européen mis en place l'an dernier pour sauver les Etats de la zone euro menacés de naufrage financier. Ces décisions n'ont pas été prises par des investisseurs privés cherchant à diversifier leurs placements, mais par les gouvernants en place à Pékin et Tokyo. Il s'agit donc d'une décision politique. Elle s'explique par trois raisons. La première est évidente : les grandes puissances d'Asie viennent aider des pays amis au moment où ils traversent une passe difficile. Le moment est bien choisi, car les Etats européens risquent d'avoir du mal à placer sur des marchés inquiets les quelque 800 milliards d'euros d'obligations qu'ils ont prévu d'émettre cette année. La deuxième raison est limpide : Pékin et Tokyo se livrent une guerre d'influence, à la fois en Asie et dans le monde. Chacun agit à sa manière. Forte de sa nouvelle assurance, la Chine a envoyé son vice-Premier ministre faire un voyage triomphal à Madrid la semaine dernière pour annoncer la décision d'acheter des titres espagnols, que le gouvernement va émettre en abondance dans les prochains mois. Le Japon, lui, a toujours été réticent à jouer son rôle dans le grand jeu financier mondial. Il a donc fait un choix plus institutionnel, annoncé de Tokyo par son ministre des Finances. La troisième raison n'est pas exprimée, mais c'est sans doute la plus profonde : l'Asie ne veut pas laisser l'euro s'effondrer. Les Chinois savent bien que l'Europe des Vingt-Sept est leur premier marché, devant les Etats-Unis. Les Japonais, eux, redoutent une nouvelle « endaka », une appréciation de leur devise qui assécherait leurs exportations -en un an, le yen a gagné 13 % face au dollar et deux fois plus face à l'euro.
Vu d'Asie, le sauvetage de l'euro s'impose donc comme l'une des toutes premières priorités de ce début d'année. Aux Etats-Unis, certains commentateurs influents commencent aussi à expliquer que les Américains doivent participer aux efforts entrepris pour éviter le pire en Europe, afin de préserver leurs exportateurs... et leurs banquiers. Cette attention touchante confirme évidemment la faiblesse du Vieux Continent. Mais elle montre aussi que l'Europe est un enjeu majeur, et pas seulement pour les Européens.
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