TOUT EST DIT

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mercredi 12 janvier 2011

La sécurité économique n’est pas une contrainte mais un atout

Ce qu’il est convenu d’appeler « l’affaire Renault » qui vient de conduire à la mise à pied de trois cadres de haut niveau soupçonnés de diffusion de données sensibles, pose avec acuité le problème plus général de la sécurité économique qui est une composante essentielle de la stratégie de sécurité nationale.

Deux grandes nécessités doivent être soulignées en termes d’objectifs de sécurité économique :


- la défense du périmètre stratégique de souveraineté, c’est-à-dire la défense des entreprises sensibles participant des secteurs stratégiques définis par le gouvernement,


- la diffusion d’une culture de la sécurité du patrimoine informationnel et productif au sein des entreprises.

La volonté d’assurer la sécurité du patrimoine économique et des entreprises ne relève pas du repli sur soi ou de l’obsession sécuritaire, mais d’une compréhension approfondie des conditions de la compétitivité.

De ce point de vue, la question du transfert des technologies revêt une importance capitale. Lorsque ce transfert est consenti et maîtrisé, il appartient à la vie normale de l’entreprise.

Mais en cas de captation technologique (issue de méthodes indélicates), il représente une catastrophe pour une entreprise qui fonde son développement sur sa créativité et son potentiel de R&D.

Les options pour s’opposer à ce type de pratiques relèvent à la fois de la stratégie juridique (brevets) et de la sûreté de haut niveau (mesures de protection du savoir stratégique au moyen des systèmes d’information, intelligence sociale, sensibilisation des personnels de l’entreprise, observation des compétiteurs, etc.)

Il est certain qu’il existe des lacunes françaises en matière de sécurité économique. On peut relever l’insuffisante protection de l’information stratégique publique ou privée, le manque de vigilance face à l’instrumentalisation étrangère des procédures judiciaires à des fins de recueil illicite d’informations stratégiques, la passivité face aux tentatives de prise de contrôle d’entreprises sensibles, la vulnérabilité de nos systèmes d’information, l’insuffisante culture de sécurité économique des décideurs publics et privés.

Il faut donc construire une véritable doctrine de sécurité économique fondée sur l’identification précise des intérêts économiques et scientifiques majeurs.

C’est d’ailleurs cette démarche qu’avait engagée Nicolas Sarkozy alors qu’il était ministre de l’Intérieur par la mise en œuvre d’un programme d’Etat de sécurité économique dans les pôles de compétitivité. Il faut constater avec regret que ce programme n’a pas été poursuivi après son départ de ce ministère et surtout qu’il n’a pas été développé et généralisé à l’ensemble des entreprises.

L’expertise acquise dans les pôles de compétitivité et qui a donné lieu à la réalisation d’un référentiel de sécurité économique, opérationnel est mobilisable dans les délais les plus brefs au profit d’entreprises recevant des aides de l’Etat. Pourquoi ne pas le faire ?

En tout cas, il doit être clair que la sécurité économique n’est pas une contrainte mais un atout. La crédibilité des entreprises s’apprécie bien entendu en termes de compétitivité et d’innovation mais aussi par l’intégration de la sécurité dans la valeur qu’elle crée.

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