TOUT EST DIT

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mercredi 5 janvier 2011

Protéger, mais avec quel argent ?


Protéger : c’est le nouveau verbe fétiche de Nicolas Sarkozy. Il l’a conjugué pas moins de six fois lors de son allocution de Nouvel An, le déclinant en outre deux fois sous la forme du substantif « protection ». Après avoir réussi, non sans mal — notamment pour sa cote de popularité — la nécessaire réforme des retraites, le chef de l’État veut troquer, dans cette année préélectorale, le costume de l’omniprésident hyperactif pour celui, plus rassurant, de protecteur de la nation.


L’instauration d’une couverture de la dépendance devrait se prêter à cette posture. Plus d’un million de Français ont perdu leur autonomie, et leur nombre ne cessera d’augmenter avec le vieillissement de la population. Aussi, Nicolas Sarkozy compte-t-il ouvrir un chantier consensuel.


Il risque de déchanter, car le dossier est plus que délicat. Il faudra trouver des milliards d’euros pour financer les maisons de retraite ou le maintien à domicile des personnes âgées. Qui paiera ? D’une façon ou d’une autre, ce seront les Français qui travaillent, et tout particulièrement les classes moyennes. On se souvient du mécontentement et de la pagaille provoqués en 2005 par la première Journée de solidarité, consistant à travailler gratuitement le lundi de Pentecôte pour alimenter une nouvelle caisse déjà dédiée aux personnes dépendantes. Cette Journée de solidarité avait sonné le glas du gouvernement Raffarin.


Le financement futur ne sera pas moins douloureux. L’État, qui tente d’apurer ses comptes, n’aura pas un centime vaillant à mettre dans l’escarcelle ! Même si on imagine mal des manifestations monstres comme pour les retraites, le chantier de la dépendance s’annonce rugueux. La gauche dénonce déjà la volonté du gouvernement de faire appel aux assurances privées, ce qui sera probablement incontournable.


Nicolas Sarkozy avait promis, en 2007, la création d’une cinquième branche de la Sécurité sociale. Roselyne Bachelot, la nouvelle ministre des Solidarités, ne s’engage pas dans cette voie avec un enthousiasme démesuré. Elle remarque que cette cinquième branche ne pourrait être mise en place qu’après la présidentielle de 2012. Mais ce délai, obligé, pourrait justement faire l’affaire du chef de l’État : son « année » utile serait celle de la concertation, la facture n’étant présentée que par la suite.

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