Des dizaines de milliers d'Egyptiens sont descendus à nouveau dans la rue vendredi. Les forces de police ont violemment repoussé les manifestants donnant lieu à des scènes de guérilla urbaine au Caire et dans plusieurs villes d'Egypte.
Le cortège - entre 3 et 5 000 personnes - parcourt ensuite la ville en suivant le même trajet que mardi. Les habitants des quartiers de Mohandessin et Doqqi sortent sur leurs balcons pour regarder passer la foule, mi éberlués, mi euphoriques. "Descendez! Descendez!" leur crient les manifestants. "Nous n'avons pas peur, nous devons aller au bout, la justice est de notre côté", affirme Ahmed, responsable marketing de 35 ans, qui manifeste pour la première fois de sa vie. "Nous voulons la liberté politique, de vraies mesures contre la pauvreté, un système de sécurité sociale", énumère Rime, 24 ans, étudiante en médecine, qui touchera 800 livres (environ 100 euros) maximum par mois une fois ses études terminées. Mardi, elle avait rejoint spontanément le cortège qui passait sous ses fenêtres. "A l'hôpital public où je travaille, je vois des gens mourir, simplement parce qu'ils n'ont pas les moyens de payer les soins", explique la jeune fille, qui porte un voile rouge. Elle est venue avec deux amies, également étudiantes. "Liberté! Liberté!", s'époumonent les trois jeunes filles.
"Il n'y a pas de retour en arrière possible"
Arrivé face au pont Galaa, qui permet d'accéder à Midan Tahrir ("Libération"), la place centrale du Caire, le cortège bute sur de nouveaux cordons de policiers anti émeutes. Les gaz lacrymogènes commencent à pleuvoir pour disperser la foule. Au même moment, les autres cortèges qui convergeaient vers la place Tahrir se retrouvent aussi bloqués. Des scènes de guérilla urbaine remplacent bientôt les manifestations pacifiques: aux gaz lacrymogènes et canons à eau, répondent des jets de pierres et cocktails molotov. Des incendies se déclarent en plusieurs points de la capitale égyptienne: le bâtiment du parti au pouvoir est en feu. Puis les tanks de l'armée commencent à apparaitre dans les rues pour la première fois depuis le début du mouvement de protestations. Certains manifestants applaudissent les militaires, espérant qu'ils prendront parti pour la population, comme en Tunisie. Après la tombée de la nuit, des tirs fournis d'armes à feu retentissent dans le centre ville du Caire, les habitants sont paniqués, La ville semble en état d'insurrection. Le couvre feu est décrété à 18 heures. Vers 20 heures, les tirs se calment enfin.Le Caire craint un scénario à la tunisienne
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