TOUT EST DIT

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dimanche 30 janvier 2011

Egypte : De quel côté basculera l'armée?

A l'heure où les manifestations se poursuivent, et où la police a disparu, l'armée se retrouve en première ligne à la fois dans les rues et à l'échelon politique. Le choix de cette armée sera décisif quand à la suite des évènements. 

La question est sur toutes les lèvres et présente dans tous les esprits en Egypte. Mais aussi dans toute la région et par delà en Occident. Alors qu'au Caire, à Alexandrie, Suez, se poursuit le mouvement social et politique, que la police incapable de contenir les manifestants sans basculer dans une violence aveugle a reçu l'ordre de se retirer, la puissante armée égyptienne, institution vénérée, seule capable désormais d'assurer la stabilité de l'état, s'est retrouvée en première ligne. Par la force des choses.
Mais quel rôle entend-elle jouer? Venir en aide à un président affaibli dont le départ est réclamé par tous les manifestants, et réprimer le mouvement populaire ou servir de garant d'une transition en douceur? Les signaux envoyés jusqu'à présent sont contradictoires.

Des F-16 dans le ciel du Caire

Dans les rues, les chars, blindés et troupes ont pris positions aux carrefours stratégiques du Caire, et depuis dimanche matin dans la ville de Suez, sans violence, et sous les vivats des manifestants qui respectent autant l'armée qu'ils haïssent la police de Moubarak. Les ordres reçus par les unités déployées sont de protéger le peuple égyptien, et les bâtiments stratégiques ou symboliques, comme le Musée National du Caire, théâtre de pillages avant que les militaires s'installent l'arme au poing dans le bâtiment. Par ailleurs on a pu voir dimanche des F-16 voler à basse altitude dans le ciel de la capitale égyptienne. Pour autant, cette même armée assure en termes de sécurité, un « service minimum », ne faisant pas utilisation de ses armes, ses canons, sa puissance de feu, qui pourrait laminer la contestation. Faut-il y voir le signe d'une position attentiste? D'une tactique d'usure? D'une prise de position?
« C'est possible, dit un diplomate en poste au Caire, et ce d'autant que l'armée égyptienne est largement soutenue financièrement et techniquement par Washington, or Barak Obama ne veut ni chaos, ni bain de sang, ni déstabilisation d'un régime allié et en paix avec le voisin israélien ».

La désignation d'un vice-président

Selon nos informations, vendredi dernier, alors que les émeutes faisaient rage, les principaux généraux de cette armée, dont son chef d'état-major se sont réunis secrètement, pour décider de la tactique à adopter. Les contacts se sont alors multipliés avec Washington. Ou Barack Obama a plusieurs fois réuni son cabinet de sécurité. C'est à ce moment là qu'une décision politique de première importance a été prise. L'armée a décidé de rester fidèle jusqu'à nouvel ordre au régime en place à une condition : Qu'Hosni Moubarak renonce définitivement à une idée à laquelle les généraux ont toujours été hostiles.
L'idée d'une succession dynastique voulue par Hosni Moubarak qui préparait depuis de longues années son fils Gammal à prendre le jour venu les rênes de l'état égyptien. Pour se faire, Moubarak avait depuis son arrivée au pouvoir en 1981, mis de côté une disposition constitutionnelle, prévoyant la désignation d'un vice-président ayant pour mission de succéder au chef de l'état de manière provisoire, au cas ou celui-ci serait empêché d'exercer ses fonctions, ou de disparition prématurée.
Cette disposition a été rétablie, et aussitôt un vice-président a prêté serment dans la nuit de vendredi à samedi dernier. L'homme choisi s'appelle Omar Souleimane, candidat de consensus pour l'armée dont il est issu et pour l'administration américaine avec laquelle il nourrit d'excellents rapports.
Omar Souleimane, 74 ans, était jusque-là le chef des services de renseignements égyptiens. Cet homme, vétéran de l'armée, est un fin diplomate au carnet d'adresses d'exception. Un homme qui parle avec tout le monde. Expert de la négociation israélo-palestinienne, il a été de toutes les initiatives de paix, et entretient des liens de qualité avec de hauts-responsables israéliens. Il est aussi au contact des factions palestiniennes, même les plus dures. Mais ses réseaux vont bien au-delà de la région. Aucun dossier de politique étrangère ne lui échappe. Les Français se souviennent bien de lui lorsqu'ils traquaient le terroriste « Carlos ».

Omar Souleimane: Le prince de l'ombre en pleine lumière

Son habileté, son intelligence, sa vivacité sont appréciées dans toutes les chancelleries occidentales. Celui qu'on surnommait « le prince de l'ombre », et qui a démontré aussi sa capacité à être impitoyable face aux islamistes, et à la confrérie des Frères musulmans, a l'envergure « d'un homme d'Etat » dit de lui un diplomate étranger.
En 1995, Omar Souleimane sauve la vie d'Hosni Moubarak, en l'enjoignant lors d'un voyage présidentiel en Ethiopie de monter à bord d'une voiture blindée. Son instinct permettra au président égyptien de sortir vivant d'un attentat islamiste visant le convoi. Sera t-il capable, si les événements l'imposent, avec le soutien de l'armée, de sacrifier son mentor le président Moubarak?
« Il le fera aux noms des interêts de l'Etat, qu'il place par dessus tout, s'il l'estime nécessaire » dit un responsable  d'un service de renseignement occidental qui l'a rencontré à plusieurs reprises. Reste à savoir si, à l'heure qu'il est, l'ancien général devenu vice-président, et les ténors de l'armée égyptienne savent où se situent en ces heures hasardeuses les intérêts d'un pays encore en proie aux troubles, et en pleine ébullition populaire.

LA GUERRE CIVILE EST EN MARCHE.

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