TOUT EST DIT

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vendredi 21 janvier 2011

Deux « modèles » à revoir

La Chine n'a pas encore rattrapé l'Amérique, mais elle la dépasse déjà. Pékin a publié hier sa première estimation officielle de croissance pour l'année écoulée, huit jours avant Washington. Et cette estimation montre que la production chinoise a progressé de plus de 10 % en 2010, sans doute trois fois plus que la croissance américaine. A ce rythme, l'économie chinoise produira davantage que celle des Etats-Unis dès 2016 (en convertissant son produit intérieur brut au taux de change assurant la parité de pouvoir d'achat). Dans un tel décor, la rencontre au sommet entre le président chinois Hu Jintao et le président américain Barack Obama a tourné à la bataille pour la position de maître. Le président de la communiste République populaire de Chine a donné des leçons d'économie au président des capitalistes Etats-Unis d'Amérique. Attention aux déficits ! En réponse, Barack Obama a donné des leçons de politique. Il faut respecter les droits de l'homme ! Et aussi ceux des industriels américains, frappés par un taux de change manipulé ou par le pillage technologique. L'explication a été inhabituellement franche, et c'est tant mieux. Entre les deux premières puissances mondiales, mieux vaut des désaccords clairement énoncés, et compensés par la signature de nombreux contrats commerciaux, que l'absence de tout contact.

Mais, derrière ce très public échange de leçons, la réalité est bien différente. Car le grand défi de la Chine aujourd'hui est de devenir plus américaine. De basculer d'un modèle de croissance fondé sur l'export à un modèle tiré par la consommation. Tout en évitant les fléaux qui ont enflammé le tigre de papier qu'est l'Amérique : l'inflation dans les années 1970, la bulle immobilière et la sous-évaluation du risque par le système financier dans les années 2000. Quant à l'Amérique, elle va devoir devenir un peu plus chinoise. Maintenir une épargne plus élevée. Et parvenir à prendre des décisions, alors que le Congrès est de plus en plus ankylosé par des mécanismes institutionnels trop lourds et des lobbies trop puissants. La démocratie américaine doit gagner en efficacité pour résister à la pression de la dictature chinoise.

Ces objectifs peuvent paraître inaccessibles. Mais après tout, Hu Jintao a bien admis qu' « il restait beaucoup à faire » dans son pays en matière de droits de l'homme. Et une bête agressive peut céder sa place à un animal tranquille, puisque l'année chinoise du Tigre va bientôt s'achever pour laisser commencer celle du Lapin.

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