Jour après jour, l'étau se resserre sur Zine el-Abidine Ben Ali et sa famille élargie. Après la Suisse, mercredi, l'Union européenne a annoncé ce jeudi son intention de procéder au gel des avoirs de l'ex-président exilé en Arabie saoudite. Le chef du parquet tunisien a ouvert une enquête pour «acquisition illégale de biens mobiliers et immobiliers», «placements illicites à l'étranger» et «exportation illégale de devises». Sans attendre de connaître la liste des personnes visées par les sanctions internationales, enfin, Paris dit avoir pris «les dispositions nécessaires» pour bloquer les avoirs des familles Ben Ali et Trabelsi en France.
Manifestement soucieux de donner des gages aux manifestants, qui ne décolèrent pas malgré la victoire obtenue dans la rue, le pouvoir tunisien a fait savoir ce jeudi que 33 membres de la famille Ben Ali ont été interpellés depuis le départ du président déchu. Son propre gendre, Sakher Materi, qui est considéré comme l'un des hommes d'affaires les plus importants du pays, a été arrêté le 14 janvier. Ces premières interpellations, lors desquelles de nombreux bijoux, montres et cartes bancaires ont été saisis par les forces de l'ordre, n'ont cependant pas suffi à prévenir les débordements. Le week-end dernier, certains groupes d'émeutiers ont pillé plusieurs villas réputées appartenir à la famille Trabelsi dans une banlieue chic au nord de Tunis. Le neveu favori de l'épouse du président Ben Ali, Imed Trabelsi, a par ailleurs été mortellement poignardé dans les heures qui ont suivi le départ du couple présidentiel pour la péninsule arabique.
«Recel» et «blanchiment»
Sur l'autre rive de la Méditerranée, le porte-parole du gouvernement Fillon, François Baroin, a fait savoir ces derniers jours que les proches du président Ben Ali «n'ont pas vocation à rester» sur le sol français. Plusieurs parents de l'ex-président, qui avaient pris leurs quartiers dans un hôtel d'Euro Disney, dont une fille de son épouse Leïla Trabelsi, semblent avoir été discrètement invités à quitter le pays le week-end dernier.Mercredi, trois ONG ont porté plainte à Paris pour «recel» et « blanchiment» dans l'espoir d'obtenir un blocage rapide de ce patrimoine par la justice. «Il faut faire vite avant que l'ex-dictateur ne parvienne à faire sortir cet argent de France» , plaide Me Maud Perdriel-Vaissière, conseil de l'association Sherpa. Ce jeudi, François Baroin a indiqué avoir été informé par l'organisme de contrôle Tracfin de «mouvements suspects» sur les comptes de la famille Ben Ali.
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