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vendredi 21 janvier 2011

Américains ou israéliens, ces hackers qui peuvent faire plier l'Iran

Au moment où les négociations reprennent avec Téhéran, le sabotage numérique du programme nucléaire iranien ouvre de nouvelles perspectives

L'Iran va-t-il accuser le coup après l'attaque par un virus informatique de ses installations nucléaires qui a durablement affecté leur capacité d'enrichissement de l'uranium ? On va le savoir très vite. Les 21 et 22 janvier a lieu, en effet, à Istanbul, la reprise des négociations entre le régime islamique et les six pays - États-Unis, France, Grande-Bretagne, Allemagne, Russie, Chine - qui cherchent à empêcher Téhéran de se doter de l'arme nucléaire. Quitte à lui faciliter l'accès au nucléaire civil.
Or, pour la première fois depuis longtemps, la position de l'Iran, qui depuis des mois joue au chat et à la souris avec ses interlocuteurs, peut paraître affaiblie. La raison : le virus informatique "stuxnet", introduit dans les ordinateurs du programme nucléaire iranien, qui semble avoir détruit 20 % des capacités d'enrichissement d'uranium de ses centrifugeuses. Au point que l'ancien patron du Mossad, les services secrets israéliens, Meir Dagan, a révélé il y a quelques jours que la perspective d'une bombe atomique iranienne, dont on pensait qu'elle pouvait être imminente, est retardée d'au moins quatre ans. Prudemment, Hillary Clinton, la Secrétaire d'État américaine, a constaté : "Cela nous donne du temps, mais pas trop de temps."
Une histoire d'espionnage au temps du numérique
Cette fenêtre d'opportunité pour intensifier négociations et pressions sur Téhéran est la conséquence d'une affaire très romanesque, une histoire d'espionnage à la John Le Carré pour une époque dominée par le numérique, où les virus informatiques complètent avantageusement les pistolets à silencieux dans la panoplie des services action.
Tout commence dans les derniers mois de la présidence Bush. L'inquiétude des Israéliens sur les progrès accomplis par les Iraniens pour fabriquer leur bombe est à son maximum. Dans la perspective d'un raid éventuel sur les sites hypergardés et protégés où les Iraniens poursuivent leur programme, ils cherchent à obtenir des Américains ces bombes capables de percer des épaisseurs de béton très importantes, utilisées au moment des bombardements sur Bagdad dans la guerre en Irak. À ce stade intervient une contre-proposition des Américains : plutôt que des raids qui provoqueraient des tempêtes de protestation dans le monde arabe, pourquoi ne pas essayer de désorganiser le programme nucléaire iranien ? L'objectif est de gagner du temps et de retarder ce programme au moins autant que le feraient les destructions causées par un raid aérien.
Répétitions dans une base secrète du Neguev
Deux méthodes vont être utilisées par les Israéliens et les Américains. La première est classique : des assassinats ciblés d'hommes clés du projet nucléaire. C'est ainsi que Massoud Ali Mohammadi, il y a un an, puis, en novembre, Majid Shahriari sont tués par l'explosion d'une bombe placée sous leur voiture. Évidemment, il n'y aura aucune revendication.
Beaucoup moins classique (comme l'a révélé le 16 janvier le New York Times), dans le même temps, des scientifiques israéliens travaillent dans la base secrète de Dimona, dans le désert du Neguev (celle où les Israéliens ont fabriqué leur propre bombe) sur des centrifugeuses Siemens du même modèle que celles utilisées par les Iraniens pour enrichir l'uranium dans leur centre de Natanz. Ils réussissent à concocter un virus informatique qui, une fois introduit dans le logiciel qui gère les centrifugeuses, sera totalement indétectable, mais qui, le moment venu, enverra des ordres tels aux machines que celles-ci se mettront à tourner à une vitesse telle que les rotors des centrifugeuses ne la supporteront pas et casseront. C'est ce qui semble s'être passé à la fin de l'été. D'ailleurs, en novembre, le Premier ministre iranien Ahmadinejad a reconnu que le programme nucléaire iranien avait eu quelques soucis techniques.
Tout le problème est donc maintenant de savoir si les Iraniens vont suffisamment comprendre le message et se plier aux demandes des Occidentaux, des Russes et même des Chinois. Avant que les négociations ne reprennent, il y a eu deux indices contradictoires : le premier, une déclaration d'Ahmadinejad déclarant que "le Conseil de sécurité pouvait bien voter 100.000 résolutions, cela ne changerait rien à la détermination des Iraniens". Le second pourrait être interprété comme plus encourageant... quoique : l'ambassadeur d'Iran à l'ONU Mohamed Khazace a déclaré qu'il était "vital" que les Six reconnaissent à l'Iran "un rôle d'acteur essentiel dans les affaires de la région avec une capacité nucléaire [une pause]... pacifique", a-t-il précisé. S'il s'agit seulement de reconnaître l'importance stratégique de l'Iran, on peut en effet discuter.

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