TOUT EST DIT

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vendredi 22 octobre 2010

Sprint ou demi-fond ? Une question de souffle...

Sprint ou demi-fond ? Le gouvernement court contre la montre mais à deux vitesses. Au Sénat, il veut accélérer le temps. Dans la rue, il veut le ralentir. D'un côté, faire monter en régime le train des paisibles sénateurs pour que la réforme arrive au terminus le plus rapidement possible. De l'autre, étirer ces vacances de la Toussaint - qui n'ont jamais bénéficié d'une telle considération dans le calendrier officiel - pour endormir l'ardeur contestataire des jeunes. Pour un peu, le ministre de l'Éducation les encourageraient presque à faire des grasses matinées à répétition. Rien de mieux que l'oisiveté pour oublier l'actualité, les enfants ! Et prenez des précautions, pour que la subversion ne passe pas par vous...
C'est de bonne guerre. Tous les gouvernements conservateurs savent que l'usure, c'est rentable. Surtout ne rien brader face à l'agitation : le président de la République perdrait ce qu'il lui reste de jetons pour jouer sur l'avenir. Il tient sa position en misant sur la fermeté, une valeur qu'il croit sûre pour consolider la crédibilité de son meilleur capital : son bloc de fermeté et de détermination.
L'UMP veut croire qu'en reprenant en main la situation, son champion reprendra la main tout court. S'il garde le sang-froid - et la distance parfois même glaciale - qu'il a affichés face à cette crise sociale, il a encore une chance de retourner le sort, et l'opinion, en sa faveur. Il voudrait tellement prouver qu'il a le pouvoir de faire bouger une France bloquée en la bousculant. Pour son bien. Pour son futur. Une brutalité vertueuse en somme. Y aurait-il parfois un peu de Robespierre chez ce « Bonaparte du XXIe siècle », comme ses thuriféraires aiment à le présenter ?
Pour une fois, la durée est l'alliée de cet homme pressé qui espère que son pays, lassé de se battre pour une cause perdue, finira par choisir les conforts de l'ordre. Cette stratégie classique est rationnelle. Elle peut aussi être un piège car les syndicats l'ont anticipée. En programmant deux journées d'action dans le long terme, ils ont commencé à déconnecter le mouvement du vote du texte, désormais banalisé.
Les jeunes, eux, n'ont pas vraiment envie d'abandonner l'intensité des défilés pour des congés. Ce soir, tous les lycées vont fermer, certes, mais il reste les SMS et Facebook, ces nouvelles armes pacifiques dans ce conflit social où la communication a pris le pas sur les bonnes vieilles méthodes traditionnelles. De quoi entretenir la flamme protestataire bien au delà de l'équinoxe d'Halloween. Entre ceux qui veulent l'éteindre et ceux qui veulent l'aviver, le souffle fera la différence.


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